Tschai
Est-il encore besoin de présenter l’un des romans les plus fous de Jack Vance à ceux qui ne le connaissent pas encore ? C’est la quête d’Adam Reith, explorateur terrien naufragé sur une planète inconnue où il est confronté aux espèces « locales », ou plutôt aux différentes espèces qui se partagent la planète : les Pnume, peut-être indigènes, qu’il affrontera d’ailleurs en dernier, trois espèces venues d’ailleurs et disposant de vaisseaux spatiaux, les Wankh, les Chasch et les Dirdir ; et surtout, les plus nombreux en fin de compte même si certains d’entre eux sont associés aux quatre espèces et si aucun ne sait qu’ils ont été amenés de la Terre par les Wankh et les Dirdir, des humains, divisés en de nombreuses communautés…
Adam Reith, après que le vaisseau qui l’avait amené avec ses camarades ait été détruit par un missile – peut-être envoyé par les Chasch ou par les Dirdir, mais on ne saura jamais pourquoi ni pourquoi, quand, à la fin du livre, le héros aura réussi à construire un vaisseau et à repartir, ceux qui ont détruit le vaisseau initial le laisseront partir et retourner apprendre aux Terriens l’existence de Tschai. Pas plus qu’on ne s’explique pourquoi les Terriens n’ont jamais rencontré auparavant ces espèces qui, apparemment, circulent entre Tschai et d’autres planètes dont leurs planètes natales...
En fait Vance veut surtout, comme dans ses autres livres, construire une histoire fabuleuse et nous présenter des sociétés imaginaires, colorées, vivantes. Dans la science-fiction, qui se déploie entre les deux sens possibles des mots « inventer » et « découvrir », là où d’autres auteurs choisissent généralement l’extrémité « décrire ce qui est », s’interroger sur le monde réel (quitte, comme Dick, à remettre en cause notre perception de la réalité), Vance s’inscrit dans l’extrémité « créer un monde différent », plus ou moins cohérent. Et le résultat est fabuleux, à tous les sens du mot...
Là-dessus, à vous de découvrir, ou de redécouvrir, Tschai...
Tschai de Jack Vance, traduit par Michel Deutsch, révisé par Sébastien Guillot, préface et illustrations de Caza, J’ai Lu n°12743, réédité en 2016. 923 p., 10,9€, ISBN 978-2-290-17292-6