Chasseur et son ombre (Le)

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Ramon a tout pour être un bon prospecteur. Seulement, Ramon a le sang chaud. Surtout quand il a bu plus que de raison. À la sortie d’un rade infâme, il commet l’irréparable. Une dispute stupide (pas mal hein l’anagramme ?) et il tue un homme.
Ce rival avait le bras long et le gouverneur de la planète exige une tête. Ramon n’a plus qu’une chose à faire : s’éloigner de cette grande ville et se faire oublier au plus vite.
Le meilleur moyen est d’aller prospecter bien loin, au nord. Là, où personne ne s’est encore aventuré. Au cours de ses pérégrinations, il met à jour un vaisseau qui, tel un monolithe géant, était enfoui là depuis une éternité. Il découvre avec effroi ce que sont en réalité les habitants de ce fameux vaisseau : des esclavagistes. Ni plus, ni moins.
Une espèce qui n’a cure de ses états d’âme ou de ses maux. Elle est là pour comprendre de l’homme juste ce qu’il faut pour en faire des esclaves. C’est tout. Ce sont des marchands, me direz-vous, pourquoi en feraient-ils plus ?

Dès lors, pour Ramon, le but est tout d’abord de survivre. Mais bien plus encore, il va leur montrer de quoi un homme est capable pour retrouver sa liberté. C’est vrai, dans la vie de tous les jours, Ramon se laisse aller. Mais comme tout un chacun, quand l’on est dos au le mur, c’est là que toute notre énergie se déploie et l’on est capable de faire des choses que même dans nos rêves les plus fous, on n’oserait soupçonner.
C’est ce que Ramon va faire.
Mais pour cela, il devra affronter son pire cauchemar, l’ennemi auquel l’on s’attend le moins.

Immersion complète dans ce monde si loin de notre galaxie, mais en fait si proche de par son approche de la vie de tous les jours dans cette mégapole.
Évidemment, comme la plupart des fans de SF, j’ai compris bien vite qui était en réalité l’ennemi de notre cher Ramon. Et malgré cela, le livre tient toutes ses promesses.
Cette lutte pour survivre dans un environnement hostile avec de surcroît, une créature froide et sans aucun remord est des plus captivantes.

Les dialogues entre un Ramon fatigué, blessé et subjugué par son évasion et cet alien sûr de sa supériorité et qui entreprend cette expédition comme une ballade ludique m’a tantôt fait sourire et tantôt fait esquisser une moue un peu crispée. L’approche et la compréhension de notre façon de voir les choses pour nous, les terriens, sont pour l’extra-terrestre matières à réflexion. Et ses réflexions, il les partage avec Ramon. Ce qui amène de curieux dialogues qui ont la particularité de m’avoir fait réfléchir aux déductions qu’a l’alien sur la façon dont l’homme aborde tel ou tel problème. Du coup, j’ai eu l’impression de partager les dialogues. Comme si, moi aussi j’étais sur le point de m’évader de cet univers hostile.

Et une fois que j’ai admis cette supériorité qu’a l’alien sur nous, l’histoire prend une autre tournure. Et j’ai été précipité dans un autre combat. Celui du quiproquo, du mensonge savamment dosé. Mais surtout, les aventures de deux personnages qui se doivent de coopérer contre la nature hostile et inconnue sous peine de se voir réduits à l’esclavage. Tant est si bien, qu’à force, les pages s’égrènent plus vite que je ne l’aurais souhaité et je me suis retrouvé à la fin du livre sans avoir eu le temps de l’apprécier comme je le voulais.

Et c’est indubitablement cela qui en fait un excellent roman de SF.

À consommer sans aucune modération.

George R.R. MARTIN, Gardner DOZOIS et Daniel ABRAHAM, Le chasseur et son ombre, traduit de l’anglais par Fabienne Rose et Jean-Daniel Brèque, illustration de Stephan Martinière, Editions Bragelonne

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