Diable amoureux (Le)
Paris, 1928. Je suis tranquillement en train de déambuler dans la rue, lorsque soudain, qui vois-je ? Monsieur Georges Méliès. Le grand. L’illustre inventeur ! Il discute paisiblement avec Jacques Prévert. Quelle chance, j’ai là. Je m’approche. Je m’assois à la même terrasse de café qu’eux et je tends l’oreille. Monsieur Méliès se réjouit de l’invention des Frères Lumière. Le cinéma. Des caméras. Quel luxe ! « Le problème, explique-t-il, c’étaient les sujets de leurs films. Car enfin, des trains entrant en gare, des gens sortant de l’usine... quel ennui. » Méliès commence alors son récit et nous compte toutes ces histoires qu’il a imaginées ou tournées, mais qui pour diverses raisons ne seront jamais visionnables.
Commençons par l’Etoile Polaire. Un récit métaphorique sur cette femme mystérieuse venue du ciel et qui redonne l’espoir aux plus pauvres - une bonne mise en bouche. Puis vient cette histoire d’un mystérieux Anglais qui enlève des femmes et ce colosse de cirque qui veut les sauver. Le combat de l’esprit contre la force brute. Un combat de titans. La troisième histoire est celle d’un fantôme sur la lune. Méfiez-vous des petits mammifères, ils pourraient vous surprendre – J’ai adoré. Tout comme les tours du magicien Houdini. A l’époque, c’était un avant-gardiste. Il était prêt à tout pour détrôner ses paires. Seulement, à trop jouer avec la mort, vous risquez d’attirer quelques spectateurs imprévus.
Tous ces récits, ainsi que les autres du « Diable amoureux » - hilarant et cynique à souhait, « La nécropole mécanique » - un portrait satirique de notre condition humaine et « Les féeries récalcitrantes » ou la vengeance du Merveilleux sont l’occasion à la fois d’un bon divertissement et d’une critique ironique d’une époque en pleine révolution. Révolution de l’image animée face à une réalité figée. Révolution d’une émancipation de l’individu face à un asservissement des masses. Révolution du Merveilleux qui quitte la tradition orale et écrite pour entrer dans l’aire de la mise en boîtes. Et question mise en boîtes, Georges Méliès n’a pas son pareil.
Titre : Le diable amoureux et autres films jamais tournés par Méliès.
Scénario : VEHLMANN Fabien
Dessins : DUCHAZEAU Frantz
Editeur : Dargaud
Nbre de pages : 72
Parution : 2010