Avaleur de mondes

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Difficile d’écrire des romans de l’avenir lointain, a priori post-Singularité puisqu’on peut charger une personnalité dans un clone, la modifier par des virus (informatiques ?), créer des corps variés, adaptés à des écologies différentes, aussi créer des univers « de poche » accessibles par trou de ver et bâtis sur le modèle d’une sphère de Dyson, ou dans lesquels les lois physiques sont modifiées. Difficile parce que le sous-entendu de tels romans est que les humains n’ont pas vraiment changé et que les mêmes causes psychologiques entraînent les mêmes conséquences historiques, avec seulement des modifications accessoires dans leur réalisation. Comme l’a fait remarqué Vernor Vinge, l’écriture d’un roman de l’avenir lointain (post-Singularité) devient de ce fait un exercice totalement gratuit : nous ne pouvons pas imaginer comment les post-humains verront l’univers et l’histoire.

Ceci étant, si on n’écrit de tels romans que pour le plaisir des lecteurs contemporains, et adaptés à eux (de toute manière, impossible de faire autre chose), reconnaissons que Walter Jon Williams nous présente une palette de grande qualité, riche en images et en couleurs, une aventure où abondent les péripéties et une histoire pleine de poésie. Même si, faute d’être allé dans le futur pour écrire et ramener ensuite le texte par chronomachine, il a trop souvent décrit des scènes contemporaines qui, par rapport au reste du récit, font anachroniques.

La non-traduction du titre d’origine lui fait perdre son implication dans l’histoire : le héros est effectivement passionné par la recherche des « espaces implicites », les parties d’une création qui sont apparues comme conséquence nécessaires des parties voulues et travaillées. Et cette notion est d’une certaine façon à l’origine de la guerre qui menace.

L’histoire : le héros découvre des anomalies qui indiquent que quelqu’un est en train d’essayer de détruire l’équilibre des mondes pour s’emparer d’un pouvoir absolu et instaurer une dictature. Cette tentative va faire réapparaître la guerre, fléau oublié depuis quinze siècles. Le roman raconte donc comment sera évité le pire, comment la vie du héros va être transformée par cette lutte.

Une réussite, truffée donc d’épisodes et d’images intéressants, et de quelques poèmes écrits par le héros. À lire sans retenue et sans se bloquer sur les défauts mentionnés plus haut....

Walter Jon Williams, Avaleur de mondes (Implied spaces), traduction Jean-Daniel Brèque, couverture Benjamin Carré, 412 p., L’Atalante

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