Terre mourante T2 (La)

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Voici la deuxième partie de « Terre mourante » de Jack Vance, dans lequel on retrouve Cugel et Rhialto le merveilleux. Pygmalion n’a pas laissé passer beaucoup de temps entre les deux tomes. Ce deuxième tome est beaucoup plus épais et on a toujours droit à une couverture dessinée par Marc Simonetti.

C’est toujours un plaisir de retrouver Cugel à l’autre bout du monde, qui tente de revenir vers l’Almerie. En dehors d’être un aventurier, Cugel est d’une mauvaise foi déconcertante. Il vole, il ment comme un arracheur de dents, il usurpe des identités, il n’a aucun scrupule. Mais ce n’est pas un mauvais bougre. L’homme est doué pour se fondre dans le paysage. Même quand il ne connaît pas un domaine, il est toujours prêt à apprendre rapidement, à condition que cela serve ses intérêts personnels.

Le plus amusant, c’est que quand Cugel agit convenablement, il se fait doubler par quelqu’un de plus roublard que lui. Ce qui fait qu’on assiste à des situations cocasses et abracadabrantes. On a beau dire qu’on ne ferait pas le quart du dixième de ce que Cugel ose faire, mais on ne peut pas s’empêcher d’être de son côté en tant que lecteur. Durant son voyage de retour, les rebondissements ne manquent pas non plus.

On suit donc Cugel qui doit nécessairement trouver de l’argent et accepter des petits métiers qui lui permettront de vivre et de parfois payer son passage. S’il commence comme intendant d’un vendeur d’écailles, il se retrouvera rapidement comme homme à tout faire qui n’a qu’un but : voler des écailles (surtout l’éclaboussure de Lumière) et s’en aller. On retrouve Cugel un peu plus loin dans un poste de vermier (qui soigne et guide des vers marins qui font avancer les navires). Même s’il ne se glisse pas parfaitement dans le rôle qu’on lui attribue, Cugel s’échine à faire son possible, voire même à arranger les choses en sa faveur. Sa mauvaise foi va semer la zizanie chaque fois que c’est possible. Et parfois ses propres mensonges se retournent contre lui et il est alors obligé de prendre ses jambes à cou. Pour retourner vers l’Almerie, Cugel devra parfois faire appel à la magie (qu’il a achetée ou volée). Avec des bottes enduites d’une huile magique et une corde qui peut s’allonger sans fin, on voit Cugel voyager à bord de l’Avventura un vaisseau qu’il est arrivé à faire voler. Ce dernier est simplement tiré depuis une caravane au sol. Mais la magie de Cugel ne fonctionne que lorsqu’on ne lui vole pas ses affaires. Malheureusement pour lui, rien ne se passe comme il le faudrait, en commençant par lui ravir sa cabine de capitaine.

Rhialto est à l’antipode de Cugel. C’est un magicien du 21e éon, qui fait partie d’une guilde de mages. Son surnom de merveilleux lui a été donné, car il était trop fier et vaniteux. Les autres mages, qui ne l’apprécient pas trop, s’emparent de ses affaires pendant son absence. Envoyé par ses pairs, Rhialto va devoir voyager dans le temps pour retrouver le Perciplex Bleu, un manuscrit très important. C’est aussi l’occasion pour lui de prouver son innocence en retrouvant ce manuscrit. Un Jack Vance plus décousu, avec une fin qui nous fait découvrir que les ennemis de Rhialto sont plus proches de lui qu’il ne pouvait le penser. Sur les quatre livres qui forment ce cycle, c’est celui m’a le moins captivé.

Merci à Pygmalion d’avoir réédité et révisé les quatre histoires qui composent La Terre mourante. C’est de l’excellente fantasy. Chaque histoire fait deux fois moins de pages que les livres du genre produits actuellement en fantasy. Mais Jack Vance est un vrai conteur. La qualité prime sur la quantité. Et l’imagination de Vance fait facilement la différence. Même si cette fantasy date des années 50 jusqu’aux années 80, elle n’a rien perdu de son intérêt.

Voilà donc un excellent deuxième tome qui ira rejoindre le premier. La seule question que je me suis posé, c’est : pourquoi Pygmalion n’a pas réuni les deux Cugel en un tome ? Je pense que cela aurait été plus logique pour le lecteur (mais moins pour l’éditeur). Cette réédition se justifie pleinement. Elle ravira les nouveaux lecteurs et rappellera aux anciens lecteurs comme moi que fantasy et humour peuvent parfaitement cohabiter. C’est de la fantasy baroque, mais c’est surtout une bonne tranche d’aventures qui n’a pas vieilli et se lit toujours avec grand plaisir.

Terre mourante T.2 de Jack Vance, Pygmalion, 2011, 543 pages, illustration de Marc Simonetti, traduction de Michel DARROUX, Bernadette EMERICH, Monique LEBAILLY et révisée par Sébastien GUILLOT

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