Loups chantants (Les)

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

Voila un livre qui, à mon avis, repose la question des limites exactes qui séparent la fantasy du fantastique. Bien qu’il vienne d’obtenir le prix Elbakin du meilleur roman de fantasy jeunesse, et bien que cette attribution d’un « genre » plutôt qu’un autre tienne du découpage en quatre d’atomes de cheveux et que l’étiquette fantasy soit, en ce moment, la meilleure commercialement surtout pour un livre « jeunesse », la confrontation entre réalités scientifiques seules acceptées, au début du moins, par l’une des héroïnes, l’infirmière Anastasia, et démons, magie et dieux respectés par les éleveurs de rennes sibériens et les autres héros tient plus de l’irruption du fantastique dans la vie « réaliste » que des codes de la fantasy.

Il est vrai qu’on a un pseudo-sous-genre, la fantasy « urbaine » (au milieu de la toundra sibérienne, l’expression fait bizarre), qui, effectivement, tient plus de la continuation du fantastique moderne que de la fantasy héroïque...

Disons tout de même que le fait que, au cours de l’Hiver, un village d’éleveurs soit encerclé par un blizzard permanent tient plus d’un monde de fantasy que de l’irruption d’une réalité fantastique dans notre univers rationnel. Comme dirait n’importe quel « cartésien » de café du commerce : « si de telles aberrations météorologiques étaient possibles dans le monde réel, on le saurait ».

Nous sommes donc dans une Sibérie « parallèle » où certains villages d’éleveurs, comme celui du héros, Yuri, sont attaqués par les démons du dieu de l’hiver Korochun. Un autre fléau de ce monde est l’existence des Loups chantants qui parviennent à créer dans l’esprit de leurs proies des rêves ou des pensées. C’est ainsi qu’a disparu Asya, la fiancée de Yuri, séduite et dévorée par les loups. Et maintenant c’est Kira, la sœur de Yuri, qui est victime d’une maladie rare, considérée comme une malédiction envoyée par Korochun : sa peau se couvre de glace. Convaincu par Anastasia, Yuri se lance à travers le blizzard dans une course folle vers la capitale, Oksana. Mais des Loups, dont une louve qui prétend être Asya réincarnée, vont les poursuivre, et la maladie de Kira évolue bien plus vite qu’elle ne devrait. Yuri va devoir choisir entre la rationalité d’Anastasia et la réalité des sortilèges et des monstres qu’il affronte...

 

Pour le lecteur « rationnel » que je suis et qui, de plus, en cherchant certaines références sur la Sibérie, trouve des détails gênants, comme des noms intervertis, ce livre restera une agréable fantaisie (attention à l’orthographe) fantastique. Et, comme toujours, l’essentiel du livre est dans les réflexions et l’évolution psychologique des personnages, de Yuri en particulier qui va devoir choisir entre son passé et deux avenirs possibles. Sur ce plan, c’est un fort joli roman qui, comme les « juvéniles » de Heinlein, mêle un récit qui n’a rien d’infantile à des personnages de l’âge des lecteurs visés. Et qui n’est, bien sûr, pas réservé à ceux-ci...

 

Les loups chantants, d’Aurélie Wellenstein, ScriNéo, 2016, 265 p., couverture d’Aurélien Police, 16,90€, ISBN 978-2-3674-0409-7

Type: 

Ajouter un commentaire