Lord Darcy (Intégrale)

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Bien qu’il ait produit un très grand nombre de textes, Randall Garrett est quasiment inconnu en France. Selon André-François Ruaud, auteur de la préface, seules les nouvelles du cycle de Lord Darcy et quelques romans et nouvelles issus d’une collaboration avec Robert Silverberg et publiés sous le pseudo Robert Randall, méritent la lecture. N’ayant personnellement rien lu en dehors de ces séries, je ne le contredirai pas sur ce point. En revanche, quand il écrit que l’uchronie dans laquelle se placent les aventures de Lord Darcy n’a pas un point de divergence déterminé, mais un grand nombre, je ferai remarquer que Randall Garrett se réfère de façon répétée à la mort de Richard 1er Cœur de Lion, dans notre Histoire en 1199 à la suite de sa blessure au siège de Chalus, et à sa survie dans l’histoire de Lord Darcy, suivie d’un changement de politique marqué. Que d’autres divergences, l’évolution de l’Église catholique qui évite les excès et accepte la science, même si la science reconnue est plus magique que matérialiste, la création d’un Empire polonais sur la base de la non-apparition d’une Allemagne unifiée (le nom de la Prusse n’est pas cité une seule fois dans toutes les histoires), un Nouveau Monde (qui ne s’appelle pas Amérique) conquis essentiellement par l’Empire anglo-français etc. réalisent d’autres divergences .

 

Tous les récits sont des enquêtes policières, et Lord Darcy est une sorte de Sherlock Holmes de cette uchronie, ou de Nero Wolfe c  ar la référence à Rex Stout est aussi évidente que celle à Conan Doyle – mais son acolyte, le magicien irlandais Sean O’Lachlain, intervient de façon réelle dans les enquêtes, plus que Watson. Comme Lord Darcy lui-même n’a aucun Talent reconnu, c.à.d. n’est pas magicien, il doit confier recherches et analyses aux magiciens, en particulier à Sean, ce qui nous vaut des explications détaillées sur les lois de la magie. Certaines de ses enquêtes sont, en plus, compliquées par des affaires d’espionnage, l’intervention d’agents polonais plus ou moins caricaturaux. Meurtres en chambre close, situations familiales ou politiques particulièrement originales se succèdent sans lui faire perdre son flegme et son humour anglais.

 

Il s’agit d’une uchronie distrayante plus que d’une contre-histoire spéculative. Mais l’attitude rationnelle et tolérante de tous les prêtres présentés, l’évocation systématique d’une Église catholique idéale, souhaitable et profondément différente de la réalité, tiennent du vœu et de l’utopie. Et s’il était possible à des croyants de se comporter ainsi, le Paradis serait presque réalisé sur Terre... Ce qui donne à l’œuvre une part de nostalgie agréable.

 

Grand merci à Mnémos d’avoir republié et complété cet œuvre que connaissaient les lecteurs de l’ancien Fiction et ceux des deux volumes de la collection Temps futurs ou des rééditions chez Abysses. Bonne (re-?) lecture à tous.

 

Intégrale Lord Darcy, par Randall Garrett, traduction de Meistermann et Pierre-Paul Durastani, Mnémos, 2016, 556 p., couverture d’Alain Brion, 27€, ISBN 978-2-35408-359-5

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