Lavinia

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Lavinia aurait pu, aurait dû être un de ces personnages oubliés de l’histoire. Un personnage dont le nom n’est cité qu’une seule fois et qui ne parle jamais. Sauf que son poète s’est aperçu non seulement de son existence mais aussi de son intérêt. A travers le temps et aux portes de la mort, il parle à sa dernière trouvaille, sa dernière muse...

S’en suit une vie que Lavinia aurait pu vivre presque normalement, sauf que non seulement elle est appelée à épouser un héros de la guerre de Troie, mais en plus elle le sait avant même de le rencontrer. Elle sait également qu’elle va le perdre.


Le poète c’est Virgile. Dans son épopée de l’Énéide jamais achevée, il ne citera Lavinia qu’une seule fois, ne lui donnant jamais la parole.

Ursula K. Le Guin, l’imagine mourant se rendant compte que Lavinia est bien plus intéressante qu’elle ne le parait de prime abord. Elle imagine le poète s’adressant à sa dernière muse par delà le temps transformant la vie de sa protégée, à moins qu’il ne la crée en la rêvant. L’auteure joue sur le fil sans jamais réellement trancher même si l’héroïne exprime parfois son avis là-dessus.

Finalement, l’auteure écrit une fin à l’Énéide. C’est en tout cas un hommage à Virgile.

Le roman me fait penser à Illium, sans le côté décalé/SF. Mais comme lui, il joue sur les mythes en les respectant et en les interprétant tout à fois. Comme lui, c’est un roman qui sans être un roman abscons ou difficile n’est pas un roman facile à lire, contrairement à ceux que j’apelle roman-baignoire ou repose-neurone. Il se mérite. Il se savoure. S’il n’est pas, et de loin, le meilleur roman de cette auteure, il m’a laissé une impression de dépaysement tranquille - malgré les évènements épiques - appréciable dans ce monde où tout doit aller à 100 à l’heure.

Lavinia par Ursula K. Le Guin, illustré par Genkis, traduit par Marie Surgers, l’Atalante, 18€

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