Je t'aime

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Pour rester dans l’univers de Barbara Abel, j’ai enchainé avec Je t’aime juste après avoir lu Je sais pas. J’avais pensé que l’auteure allait se répéter en abordant le problème des enfants et adolescents capricieux. Je m’étais dit qu’il lui restait suffisamment de matière inexploitée du livre précédent pour l’utiliser dans son dernier livre. Et il n’en est rien.

En fait le sujet n’est pas du tout le même. Tout semble presque rose au début de l’histoire. On s’intéresse à des parents et leurs enfants dans des familles différentes. Simon et Maud forment une famille recomposée. Simon qui est chirurgien a une fille de 18 ans, Alice. Il arrive à celle-ci de fumer un joint avec son petit ami Bruno. De son côté, Maud qui est divorcée, a deux enfants, Arthur et Suzie de 15 et 11 ans. Nicole est greffière et est la mère de Bruno. Solange est la mère de Thibaut, un enfant de 7 ans.

Tout se passe dans le meilleur des mondes pour ses familles, jusqu’au moment où Bruno, le petit ami d’Alice, sous l’emprise de la drogue, provoque un accident. Sa voiture s’encastre dans un car. Il perd la vie en même temps que Thibaut. Ces deux décès vont être le départ d’un drame plus que d’un polar. Comme il faut trouver un coupable, pour Nicole, la personne toute désignée est Alice, la petite amie de son fils décédé dans l’accident d’auto. Pour elle, Alice est à l’origine de cet accident en fournissant la drogue. Mais est-ce bien la vérité, ou un prétexte d’une mère qui a perdu son fils pas si parfait que ça et qui a causé le mort d’un petit garçon ? Sa haine vis-à-vis d’Alice et de sa famille va se transformer en vengeance en usant de son influence auprès du juge pour lequel elle travaille. Et à partir de ce moment-là, toutes les personnes présentent dans ce roman vont voir leur vie changer.

Quelques détails de l’histoire m’ont laissé dubitatif. Par exemple que la mère de Bruno qui est greffière et travaille pour le juge qui va gérer cette affaire. Normalement, une victime (dans ce cas-ci la mère de la victime) n’a pas le droit d’intervenir dans une enquête. On ne peut pas être juge et parti. Étonnant aussi que Simon espionne son beau-fils dans le parc et ne pense pas à utiliser son smartphone pour le filmer en train de fumer avant de montrer le film à sa mère.

Les policiers ne sont pas particulièrement perspicaces, tout comme c’était déjà le cas dans le livre précédent. C’est grâce à une garde à vue prolongée qu’ils arrivent à obtenir des aveux qui ne reflètent pas la vérité. Ils auraient pu faire preuve de plus de clairvoyance dans leur enquête.

Il reste des inconnues dans cette histoire, surtout concernant la sous-cave exploitée par… qui finalement ? Lorsque tout le monde s’accuse personnellement, cela devient difficile de savoir qui est à l’origine de ce drame. Car drame il y a ! Mais le décès de deux personnes déclenche l’appareil judiciaire et en fait un polar.

Barbara Abel reste égale à elle-même. Ses histoires sont bien documentées, bien construites, bien amenées. C’est un peu la marque de fabrique de Barbara Abel : amener le lecteur sur de fausses pistes et lui faire comprendre qu’il s’est trompé sur les intentions du coupable, que ce dernier n’est pas celui qu’on croyait.

Des chapitres courts et concis donnent un rythme effréné à ce roman. J’avais passé cinq jours sur la première partie du livre, alors qu’il ne m’a fallu qu’une soirée pour lire la seconde partie et terminer le roman sur les chapeaux des roues, accroché par l’intrigue.

Roman original où l’amour ouvre le bal, pour se transformer ensuite en haine et se terminer en vengeance aveugle. Aveugle, car les différents protagonistes de cette histoire n’ont pas nécessairement raison et sont guidés par leurs émotions au détriment de toute logique. C’est étrange d’assister à l’écroulement d’une famille qui donnait l’impression d’être soudée, de constater ensuite que pour ses propres enfants, ils sont prêts à tout pour les sauver ou les accuser.

J’avoue avoir passé un bon moment en compagnie de Barbara Abel. Comme pour le précédent livre, je reste agréablement surpris par sa manière d’écrire, par les histoires qu’elle raconte et j’attends avec impatience le roman suivant.

 

Je t’aime, Barbara Abel, éditions Belfonds, 2018, 462 pages.

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