Ascension du Serpent, Hordes T1 (Les)

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Quel plaisir de renouer à la fois avec un genre littéraire et avec un auteur !

Je m’explique : alors que j’étais encore jeune critique pour Phénix, ma première interview « à l’étranger » fut celle de Laurent Genefort, réalisée dans l’ambiance d’une brasserie parisienne, un jour de juillet. Laurent était alors une valeur montante de la SF française, alignant avec une régularité de passionné les romans ‘Fleuve Noir’ où se mêlaient actions, décors finement détaillés et personnages marquants… Le tout avec un sens consommé de l’originalité et du rythme.

Les années passèrent et Laurent Genefort eut la chance d’être parmi les quelques auteurs francophones à rejoindre, la collection « Millénaire » lancée par J’ai Lu, avec sa série « Omale ». Je découvrais alors un Genefort libéré des contraintes éditoriales d’un format « poche » plutôt calibré, mais alourdi, à mon sens, par un amour trop envahissant pour la création d’univers. La narration, laissée en friche durant de trop nombreuses pages, perdait, dans « Omale », la place particulière qu’elle occupait dans des petites perles comme « Arago », « Les Peaux Epaisses » ou « Rezo ».

Lorsque je découvris que ce boulimique d’écriture se tournait vers la fantasy adulte pour le compte des brillants illuminés de Bragelonne, je ne résistai pas longtemps à l’appel de la lecture. Avec toutefois à l’esprit une question : le Genefort armé d’une épée démoniaque allait-il tailler dans le gras ? Ou succomber aux sirènes actuelles qui font de chaque saga de fantasy un alignement de volumes assez épais pour servir de calle-roue à un Airbus A380 ?

Je suis aujourd’hui rassuré. « L’Ascension du Serpent » doit plus à Michael Moorcock et son éternel champion qu’à toute autre décalogue peuplé de barbares hirsutes ou de créatures magiques.

Situé dans un univers cohérent où la nature n’a rien à voir avec la nôtre – on retrouve ici le Genefort amateur de flore et de faune exotiques – les aventures de Audric et sa horde sont menées sur un rythme soutenu, où les enjeux politiques, magiques ou tout simplement narratifs nous sont dévoilés au fil de l’action, entre les bras d’une prose qui va à l’essentiel, tout s’offrant de superbes moments de poésie barbare. Un œil sur Moorcock (encore et toujours, l’ombre du barbu génial flotte sur le récit), l’autre sur les dessins de Frazetta, un troisième orbe tourné vers les précieuses conventions du récit de fantasy pour mieux les sculpter à sa guise, Laurent Genefort plante les racines d’une saga qui s’annonce démente et écrit, je n’ai pas peur de le dire, le meilleur livre de fantasy française que j’ai lu depuis… houlà… je n’ose même pas y penser !

Interview ici !
Interview 2 ici
Critique "Mécanique du talion"

Laurent Genefort, L’Ascension du Serpent (Hordes Tome 1), Illustration : Didier Graffet, 336 p., Bragelonne

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Commentaires

se livre il est super bien. j’aimerais savoir quand sortira le tome2 ?

Il vient de sortir. Critique sous peu.