Dimension Révolte des machines

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

Nouvelle anthologie de Marc Bailly consacrée aux machines qui prennent de plus en plus de place dans notre existence. Machines intelligentes, machines dénuées d’émotions. Ce n’est pas aussi simple que cela. Elles font parfois preuve de plus de clairvoyance que nous, cachent parfois des sentiments similaires à ceux des humains. Elles peuvent être les meilleures amise du monde ou les pires ennemies que la Terre a engendrées.

À la lecture de cette anthologie, il y a effectivement des thèmes récurrents autour des robots, des androïdes, des humanoïdes, des machines intelligentes. Dans ces différents futurs elles prennent le pas sur l’homme, elles sont à son service ou éprouvent des sentiments pour lui. Bien sûr, on retrouvera des similitudes avec des situations rencontrées dans des films de science-fiction. Je pense à Terminator, La planète des singes, Blade Runner ou Galactica pour n’en citer que quelques-uns.

 

Vingt nouvelles de science-fiction par des auteurs francophones d’aujourd’hui, qui ont des visions totalement différentes. Cela va de la nano technologie en passant par la psychologie et les émotions que peuvent éprouver les machines, voire chercher à procréer.

Quelques nouvelles m’ont plus marqué que d’autres, reprises dans cette chronique. Mais dans l’ensemble, une très bonne anthologie.

Des amis fidèles de Jean-Pierre Andrevon m’a vraiment beaucoup plue. L’idée d’avoir à son service des robots parfois minuscules au point de ne pas les voir, toujours au service de leur maître qu’ils vénèrent comme un dieu, est particulièrement originale et traitée par un vieux briscard de la science-fiction.

Illumination de Barnett Chevin. Clin d’œil à Blade Runner avec un détective qui s’appelle Deckard-9, qui est lui-même un androïde. Une enquête et une fin tragique dans un monde qui fait penser à Blade Runner 

L’amour de l’autre de Jean-Louis Trudel. Vision particulière des robots assimilés à des illégaux, voire des animaux dont les droits sont bafoués. Transposition intéressante qui mérite largement le détour. Encore un très bon texte.

La pieuvre de Tepdhida Hay. Probablement une des nouvelles qui m’a le plus plu dans cette anthologie. L’histoire se passe dans les sous-sols d’une ville où le tube pneumatique qui a sa propre intelligence a des sentiments pour un humain et, par jalousie, tue tous ceux qui s’approchent. Cela mériterait une adaptation TV.

Instinct maternel de Sophie Dabat. Voilà un robot-nourrice qui aimerait bien avoir son propre enfant et qui éprouve des sentiments similaires à ceux des humains. Si cette nouvelle commence comme une belle histoire, avec Peter l’androïde-précepteur, elle se transforme rapidement en scène d’horreur lorsque ce dernier découpe un être de chair et de sang. Sophie Dabat nous fait passer d’une situation gentille au cauchemar. Mais n’était-ce pas le but ?

Robots or not robot de Marie Latour. Xi-Lo le robot majordome est particulièrement énervant, mais c’est ce qui fait l’originalité de ce texte, car son maître l’est encore plus. On aurait presque envie de dire à Xi-Lo qu’il doit botter le postérieur de son maître. Très bonne nouvelle.

La marche des Néovocytes de Denis Labbé. On suit le développement physique et intellectuel d’un être vivant qui cherche à comprendre qui il est réellement. Et lorsqu’il le découvre, il apprend qu’il est une machine hybride, créée à partir d’éléments mécaniques et organiques et de sève végétale. Sa recherche va finalement le mener à une évidence : faire la révolution. Nouvelle bien construite, qui joue sur les sentiments que peuvent éprouver les machines.

Les robots et autres machines intelligentes n’ont jamais été mon thème SF de prédilection, ce qui fait que cela n’a pas été évident de chroniquer cette anthologie. J’ai toujours préféré Fondation d’Isaac Asimov à son cycle des robots que je n’ai jamais lu. J’ai toujours préféré Star Trek à Galactica. Et ma rare incursion dans le domaine des machines s’est faite avec Jack Williamson. D’abord à travers sa nouvelle Les bras croisés, et ensuite avec son roman Les humanoïdes. Lorsque j’ai proposé la nouvelle L’aurore d’une nouvelle vie pour cette anthologie, j’avais effectivement envie de revenir sur le thème, où les humanoïdes prenaient en charge les humains et les empêchaient de s’en prendre à eux-mêmes. J’en ai profité pour faire un clin d’œil à Marc Bailly qui se souvient peut-être de l’anthologie Des hommes et des machines dirigée par Robert Silverberg, parue en 1973 chez Marabout. Anthologie dans laquelle se trouve justement la nouvelle Les bras croisés.

On constate que 45 ans plus tard la préoccupation des auteurs de SF tourne toujours autour du conflit qui peut surgir de la chair et du métal. Nul ne sait qui le gagnera, mais il y a une certitude, ce qui était parfois de la science-fiction devient petit à petit de la science et le jour où l’homme sera confronté à sa création arrivera tôt ou tard. Bien sûr, tous les auteurs n’ont pas une vue pessimiste du futur. Peut-être que l’homme arrivera à intégrer dans sa vie les machines qu’il crée.

Ces vingt nouvelles de science-fiction sont loin d’avoir épuisé le thème et on peut se dire que le genre a encore de beaux jours devant lui. Une bonne anthologie à découvrir et des histoires qui méritent parfois d’être développées sous la forme de romans.

 

Dimension Révolte des machines, anthologie sous la direction de Marc Bailly, Rivière Blanche, 2017, 320 page, illustration de Mike Hoffman.

Type: