Dangerous Women

Auteur / Scénariste: 
Traducteur: 

1° volume regroupant les auteurs masculins

Que dire si ce n’est qu’il est exceptionnel qu’un auteur masculin parvienne à rendre la vision féminine du monde et que ce hiatus profond affecte ceux qui prétendent – et échouent généralement à le faire –, se mettre dans la tête du personnage principal en lui confiant la narration ? Les meilleurs récits du volume évitent ce piège. Il y en a même un dont le sujet est la réaction des personnages masculins à une séductrice, mise en abyme par le fait que le narrateur n’est pas l’un des hommes séduits, mais celui qui va être l’héritier du personnage principal, qui n’est pas non plus, autre piège, celui du titre. Je parle de Catcheur Jésus, de Joe R Lansdale.

 

Ce qui oblige à signaler que cette anthologie traite toutes les formes de fiction, depuis la fiction « mimétique » qui présente un monde semblable au nôtre, avec aussi un récit « policier », Je sais comment les choisir, de Lawrence Block, la fiction « historique » qui présente un monde semblable à un monde passé (western comme dans Desperada, de Joe Abercrombie) ou la « fantasy héroïque » de G.R.R. Martin avec une guerre dans l’univers du Trône de fer avec La princesse et la reine qui, aux dragons et au Trône près, est plus proche de Dumas que de Tolkien, jusqu’à la féérie-merveilleux de Des ombres pour silence dans les forêts de l’Enfer, de Brian Sanderson ou Nommer la Bête de Sam Sykes, au fantastique (urban fantasy) de Cocktail explosif, de Jim Butcher, ou de La fille du miroir, de Lev Grosmann et à la SF dans Annoncer la sentence de SM Stirling.

 

Ceci étant, entre les narrations masculines et les personnages parfois stéréotypés, cette partie de l’anthologie n’aura pas vraiment fait avancer la vision de ce qui distinguerait, éventuellement, la vision « féminine » du monde. Il est vrai que le titre de l’anthologie, lui aussi, pêche par masculinisme... Il annonce clairement qu’il s’agirait de réagir à un prétendu danger féminin, non ?

 

2° volume regroupant les auteurs féminins

Ne rêvons pas, aucun des textes publiés dans cette deuxième partie de l’anthologie n’est féministe ni ne montre un point de vue strictement féminin. Comme dans le premier volume, les thèmes les plus variés abondent : policier psychologique avec Soit mon cœur est gelé, de Megan Abbott, qui paradoxalement fait décrire son héroïne malgré elle par les yeux de son mari ; polar noir avec La ville Lazare, de Diana Rowland ; policier encore, ou série télé, avec Aides soignantes, de Pat Cadigan ; nouvelle historique avec la Chanson de Nora, de Cecelia Holland, avec Une reine en exil, de Sharon Kay Penman et Novices, de Diana Gabaldon ; space opera avec Les mains qui n’y sont pas, de Melinda Snodgrass ; guerre avec Raissa Stepanovna, de Carrie Vaughn ; fantastique (urban fantasy) avec Les voisines, de Megan Lindholm, qui excelle toujours dans ce thème ; fantastique amérindien avec L’enfer n’a pire furie, de Sherrilyn Kenyon ; dystopie avec Seconde arabesque, très lentement, de Nancy Kress ; et, pour finir le volume, un « épisode » des Wild Cards, une histoire de super-héros.

Ceci étant, et même si des héroïnes sont nombreuses dans ces récits, si en général (hors récits historiques où cette dissymétrie de rôles est liée au sujet même de l’histoire et au cadre historique), dans la plupart des récits apparaissent des hommes et des femmes qui ne justifient pas l’adjectif titre de l’anthologie.

 

J’ai bien sûr regretté que soient absentes de cette anthologie des auteurs qui auraient certainement mis les problèmes féminins, les risques liés à la condition féminine et les différentes révoltes possibles, bref le sujet annoncé, au cœur des récits : Ursula Kroeber le Guin, Sheri S. Tepper, Celia S. Friedman, Nnedi Okorafor, voire (moins féministes, mais néanmoins capables de présenter des femmes dangereuses) Carolyn J. Cherryh et Lois McMaster Bujold.

Des récits intéressants, mais dont peu dépassent cette « honnête » moyenne. Dommage. Malgré tout à lire.

 

Dangerous Women, anthologie présentée par Gardner Dozois et George R.R. Martin, traduction de Benjamin Kutzner, J’ai Lu

Tome 1, 2016, 475 p., 17,90 € , ISBN 9782290105917

Tome 2, 2017, 634 p., 17,90 €, ISBN 978-2-290-10594-8

Type: 

Ajouter un commentaire