Exterminateur 17 T1 et T2

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Ah , les années 70 ! A cette époque, on se posait toutes sortes de questions métaphysiques. C’est ainsi que des méandres de l’esprit humain surgit "Exterminateur 17", l’histoire de cet androide qui renaît de ses cendres et part libérer tous les androides du monde. Isaac Asimov n’aurait pu rêver mieux lorsque Dionnet et Bilal se lancent dans le projet. Cela ne s’est pas fait sans mal. Quelques réticences auprès des éditeurs, pour que finalement "Exterminateur 17" paraisse dans le magazine "Métal Hurlant", puis en album chez Les Humanos.

Mais pour ceux qui ne connaissent pas ? Pour ceux qui n’ont pas vécu les frénétiques seventies ? Y a-t-il moyen d’adhérer à la réédition d’un tel mythe ?
D’autant que les épisodes 2, 3 et 4 ne sont pas si vieux, puisque édités pour la première fois en 2003. N’empêche, ils héritent de la SF made in seventies et les temps ont changé.

Et bien, pas de soucis. Je regrette un final un peu rapide sur le tome 1, ce qui ne gâche rien à l’esprit du genre. En effet, "Exterminateur 17" est de la même qualité que la bd "IAN" chez Dargaud.

A l’inverse d’un film de Will Smith, la série de Bilal et Dionnet creuse la psychologie de ses personnages. L’homme, mais aussi la machine se posent des questions. A chaque vol de ses vaisseaux génétics qui errent dans l’espace en quête d’une Terre Promise, c’est une nouvelle société qui s’offre à nous. Ce sont des espoirs qui s’échouent sur des planètes isolées de l’univers. De nouvelles interrogations. Des angoisses. Des peurs. Des rivalités. Beaucoup de psychadélique me direz-vous ? Normal, car à l’époque, il ne s’agissait pas de faire dans les effets spéciaux et d’appliquer des schémas manichéens de narration. Au contraire, le héros, ainsi que ceux qu’il rencontre, avaient la liberté d’errer quelque temps, au gré des pages, sans avoir besoin de se justifier, ni d’apporter la moindre scène d’action qui ravirait le fan hollywoodien.

Dans le tome 1, le créateur des androides regrette le sort réservé aux androides. On déclare la guerre sur une planète, on envoie une armée d’androides et lorsqu’ils ont fait leur boulot, les dirigeants du consortium les déconnectent. Pas de problème, puisque les usines sortiront plein de nouveaux modèles et qu’aucune vie humaine n’est touchée. Mais quelle horreur, lorsque l’on sait que ces androides sont à la fois faits de chair et d’électronique, qu’ils pensent et réfléchissent comme nous. Horrifié par ce massacre gratuit, le créateur des androides renaît dans le corps de l’un d’eux, "Exterminateur 17".

Dans le tome 2, "Exterminateur 17" a libéré les androides. Il n’a pas suivi ses semblables et redonne vie à une secte ancestrale, la secte du Lotus Blanc. Une façon pour lui de vivre dans l’anonymat et de panser les plaies du monde. Sur sa planète baptisée Ellis, le parrain de la mafia, Don Allessandro, règne en maître. C’est un vaisseau genetic qui l’a amené ici, il y a plus de cent ans, avec tous ses compatriotes italiens.

 

Les vaisseaux genetics, voilà un moment que je vous en parle et que je ne vous dis rien sur eux. Il s’agit de vaisseaux pilotés par des gigantesques cerveaux biologiques. Ils errent dans l’espace jusqu’à ce qu’ils touchent une planète inconnue. Manque de pot, les genetics ne s’arrêtent jamais. Trop de paramètres, trop de calculs qui font qu’aucune planète ne leur convient. Du coup, aux abords d’une nouvelle planète, les passagers rusent et truquent les machines pour que le cerveau bionique ordonne l’atterrisage. De toute façon, c’est ça ou ils meurrent de faim. C’est ainsi que Cleton libérera "Exterminateur 17" d’un vaisseau genetic et que les Italiens coloniseront Ellis. Les Russes suivront. Puis les Yakusas.

Au final, "Exterminateur 17" est une métaconscience de notre univers qui ouvre bien des horizons à nos esprits torturés et incertains. Le tout aboutissant généralement à une grande poésie graphique.

Titre : Exterminateur 17 - tome 1 - Re-naissance et tome 2 - La trilogie d’Ellis
Scénario : DIONNET
Dessins : BILAL ET BARANKO
Editeur : CASTERMAN
Nombre de pages : 64

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