Contes méphitiques

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“Méphitique” : fétide, nauséabond, délétère. Qui dégage de mauvaises odeurs. Diantre. Dans quoi nous voyons-nous embarqués ? D’autant plus mystérieux que ce recueil n’est pas réclamé. Qui l’a composé, qui l’a coordonné ? Motus.

Chaque auteur est introduit par une préface plutôt intello, anonyme. A lire le nom des auteurs retenus, il s’agit du domaine anglo-saxon du tournant XIX-XXe siècle : Hogg, Le Fanu, Riddell, Broughton, Hudson, Stevenson, Dunsany.

Bon. On lit.

James Hogg, écrivain rural, ami de Thomas de Quincey. Une première nouvelle fantastique en diable, c’est le cas de le dire. Une seconde, un peu gore (déja), se concentre sur le portrait de Lady Wheelhope, une femme vraiment, mais vraiment méchante. Avec Sheridan Le Fanu, l’auteur de Carmilla, on retombe en territoire connu. Un Chapitre dans l’histoire d’une famille de Tyrone est une longue nouvelle, parfaitement écrite et construite. L’histoire d’un mariage arrangé qui tourne au drame : le mari de la jeune héroïne a-t-il une épouse cachée ? Excellent. Le Rêve de l’ivrogne est un beau texte à chute. Charlotte Riddell est une victorienne. Sa nouvelle, Sandy le rétameur, est “parfaitement vraie dans tous ses détails” comme elle le précise. Un curé rencontre Satan et promet un “substitut” au diable contre sa propre vie. Rhoda Broughton est nièce de Le Fanu, ce qui promet peut-être. L’Homme au nez est assez amusant, entre autres parce qu’il se déroule en partie à Bruxelles. Un couple décide de partir en voyage sur le Rhin. La dame est obsédée par un hypnotiseur, qui finira par… l’emporter. William Henry Hudson n’est pas très connu. Les Confessions de Pelino Viera est un bon texte. Le héros est éduqué par un oncle, en Argentine. Il tombe amoureux de sa fille Rosaura et l’épouse. Mais Rosaura est sorcière. Et elle vole vers une une cité d’hommes-volants. La vengeance sera terrible. Evocateur et bien écrit. Robert Louis Stevenson est célèbre, mais sa nouvelle de jeunesse, La Tordue, écrite en patois, m’a laissé indifférent. Ce qui ne fut pas le cas de notre dernier auteur, le cher Lord Dunsany, écrivain que j’ai toujours apprécié. Trois nouvelles. La première pourrait être définie comme les “rêveries d’un cadavre solitaire” dans un Londres de fin du monde. Encore une de ces proses poétiques dont cet aristocrate avait le secret. Les deux autres, aussi bien écrites, sont moins prenantes. En somme un recueil intéressant, composite et inégal, pas aussi “méphitique” que le titre ne le laisse entendre, et révélant des auteurs bien trop peu connus. A ce titre, je le conseille vivement aux amateurs de fantastique canonique, ainsi qu’aux historiens du genre.

Contes méphitiques, traduction de l’anglais par Patrick Reumaux, Editions Anabetb 2008, J’ai Lu 2011, couv. Getty Images, 286 p., 7,10 euros.

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