Memento mori
Patrice Quélard est un auteur que j'apprécie à de multiples niveaux, aussi bien en format court qu'en romans. Il a cette qualité rare d'être capable d'amener les lecteurs à s'interroger, à réfléchir, à évoluer, sans jamais être pontifiant ou ennuyeux. Si l'on ajoute à cela un réel talent de jongleur de mots, on obtient un combo frôlant la perfection.
Dans ce recueil de dix nouvelles, il prouve une fois de plus sa capacité à nous transporter à travers les époques, les genres et le style sans que l'attention se relâche. Le fil rouge du recueil est la Mort, sujet peu réjouissant de prime abord. Pourtant, on se régale de la première à la dernière page. Ce n'est pas de sa faute, il ne peut pas s'en empêcher : chaque texte qu'il écrit transpire d'humanité, de vie, d'espoir. Même quand il fait dans le très sombre, une lueur transparaît. Elle peut être très discrète, mais elle est là.
Sa plume peut se faire truculente, acide, tendre, érudite, ironique, violente... et pourtant cette étincelle perdure. Toujours.
Dans les superbes Fratricide et Place aux immortels, il parle d'amour et de vie sous fond de guerre. Dans ses deux recueils Oppressions, il malmène l'humain tout en déclarant sa foi en lui. Ici, il nous invite à jouir de la vie avant que surgisse la Camarde.
Patrice Quélard est un conteur né, de la trempe de ceux qui chuchotaient au coin de l'âtre dans les veillées d'antan, écoutés religieusement par des nuées d'enfants à la bouche béante. De la trempe des griots africains, des bateleurs capables de subjuguer les foules. Comme nos ancêtres, nous tremblons, frémissons et jouons à nous faire peur avec les nouvelles de Memento mori. Comme eux, nous apprenons quelque chose à chaque histoire, sur nous-mêmes, sur les autres, sur le monde.
Mention spéciale à la sublime couverture de Brian Merrant.
La Faucheuse viendra un jour, pour nous tous. En l'attendant, savourons la plume d'un écrivain brillant.
Memento mori de Patrice Quélard, édité chez Amazon, ISBN 978-2-9554904-9-5, Prix 9,50 €