Salauds devront payer (Les)

Il va sans dire que ce roman a plusieurs caractéristiques qui sont pour moi une curieuse coïncidence.

L’inspectrice vient de Thionville, là où je suis né.

L’action se déroule non loin de Valenciennes, là où une grande partie de ma famille a vécu.

Nous inspectons Lille, Roubaix, Lens, là où je vis et là où je travaille enfin du moins, je travaillais.

Pauline est une jeune femme qui vit de petits boulots et qui essaie de sortir de la toxicomanie. Dans cette région sinistrée où le chômage sévit comme la peste, les fins de mois sont difficiles.

Plus qu’une solution. Il faut s’adresser à des usuriers qui ont des taux aussi exaspérants que… et bien ma foi, les banques.

Pauline est retrouvée morte au fond d’une ruelle. Assassinat, certes, mais qui ?

Le commandant Buchmeyer est chargé d’enquêter. Pour lui prêter main-forte, une lieutenante tout droit venue de Thionville.

Ensemble, ils vont découvrir des vérités plus qu’effroyables.

Agissant à part, les inspecteurs s’enfoncent dans les méandres du passé.

La nostalgie de l’époque où la région était florissante à marquer au fer rouge ses habitants.

Des rancœurs ressurgissent. Des esprits de vengeance et tous ces préjugés qu’implique une région cloîtrée sur elle-même, comme si le monde extérieur glissait sur elle.

Le temps s’est figé quand l’usine principale a éteint son dernier haut fourneau.

L’auteur dompte son scénario avec aisance. Il nous mène d’un côté à l’autre, d’un suspect à l’autre et nous suivons, se demandant : lui ou pas lui ?

Et quand nous croyons enfin avoir découvert le pot-aux-roses, hop, l’histoire prend un autre chemin et nous emmène loin des premiers indices.

Et soudain, ce que nous croyons enterré ressurgit subitement.

L’auteur s’amuse avec son histoire et s’amuse autant avec nous.

Beaucoup de protagonistes jonglent sur ces pages, ce qui fait que de temps à autre j’ai été un peu perdu.

Mais rien de bien méchant. Faut juste faire marcher ses méninges.

De plus, j’adore les thrillers qui se passent dans les milieux ouvriers. Tout ce qui est Michael Connelly, Marie Higgins Clark, Agatha Christie, etc. ça se passe dans les salons de thé dans les milieux hospitaliers, j’avoue, que ce n’est pas trop mon truc.

Par contre ici, je suis dans mon milieu de prédilection. Pas étonnant que j’aime Fred Vargas.

Je recommande vivement ce thriller.

Les salauds devront payer par Emmanuel Grand, Livre de Poche, ISBN : 225308607X, 4 janvier 2017