Compagnons de l'ombre (Les), T17
Cette anthologie nous présente différents textes rassemblés par Jean-Marc Lofficier.
Ayant très peu apprécié l'anthologie précédente de Mr Lofficier (en raison de divergences concernant notre vision des relations hommes-femmes), j'ai été très étonnée de trouver ce livre dans ma boîte aux lettres alors que j'avais soigneusement évité de le demander. Je l'ai lu malgré tout, et en raison du petit nombre de textes écrits (6, d'auteurs exclusivement masculins), je résumerai chacun d'entre eux, de mon préféré à celui que j'ai le moins aimé.
Rencontre fort improbable – Jean-Michel Ferragatti
Cette nouvelle très courte est ma préférée du recueil : absurde, drôle et délirante, elle décrit un combat improbable se déroulant au sein d'un hopital psychiatrique entre des personnages atypiques.
Rouletabille et le Nouvel Ordre Mondial – Martin Gately
Ce texte s'inspire du célèbre Rouletabille, un héros que je n'apprécie pas particulièrement. C'est peut-être la raison pour laquelle j'ai plutôt aimé cette relecture du personnage, qui tente de s'opposer à un complot visant à détruire l'humanité (rien que ça !). Je me suis laissé emporter par les personnages hauts en couleur et les aventures qu'ils traversent au cours du récit.
Ténèbres dans les bois – Nathan Cabanis
Ce texte présente un héros d'Alexandre Dumas, héros que je ne connaissais pas. Si le récit est loin de la virtuosité de Dumas, une fois de plus je l'ai lu assez facilement. Sur fond d'enquête policière (peut-être un peu trop facile en raison du format court), il se termine sur quelques incertitudes qui donnent envie d'en savoir davantage.
Tous les chemins mènent sur Mars – Travils Hiltz
Le texte introductif précédant le récit précise que ce dernier s'inscrit dans une série d'histoires se déroulant dans le même univers. En définitive, j'ai trouvé qu'il se passait beaucoup de choses en peu de pages et j'ai surtout été gênée par mon manque de connaissances concernant le monde décrit. Il m'est donc difficile de donner un point de vue : peut-être aurais-je davantage apprécié si j'avais lu les autres volumes, mais telle quelle cette nouvelle m'a paru assez incompréhensible.
Le privilège d'Adonis – Christofer Nigro
Sur fond de cathédrale parisienne, ce texte reprend nombre de personnages dont je ne connaissais que Quasimodo. Je ne l'ai pas beaucoup apprécié, en partie à cause de la pseudo-morale présentée à la fin de l'histoire, édictée par un personnage qui se permet de porter des jugements sur des gens visiblement moins gâtés que lui par la nature.
Retour au centre de la Terre – John Peel
Ce texte s'inspire du roman de Jules Verne, que je n'ai pas lu. Je suis rentrée plutôt facilement dans l'histoire. Certes la psychologie des protagonistes est peu développée et leurs réactions plutôt stéréotypées, mais l'ensemble se lit bien et les aventures incessantes que traversent les personnages rendent ce texte accrocheur.
Malheureusement, le féminisme n'est toujours pas le point fort de John Peel. Les héros arrivent en effet dans une communauté d'êtres humains plutôt primitifs (selon ses propres mots). Une règle de la tribu (probablement édictée par les hommes) stipule que les femmes n'ont pas le droit de s'écarter du village de plus de 500 mètres sans être accompagnées d'un homme, en raison du danger qui rôde (tout le monde sait que les femmes sont des êtres faibles absolument incapables de se défendre par elles-mêmes). L'une d'entre elles enfreint la règle, ce qui lui vaut de la part de l'un des héros une "magistrale fessée". Il est précisé par la suite que la jeune femme ne peut, pendant tout le reste du trajet, "ni s'assoir, ni s'allonger sur le dos" mais que "le pire pour elle était incontestablement la terrible humiliation qu'elle était en train de subir". Bien sûr, tous les membres de l'équipe trouvent cela parfaitement justifié.
Il est désolant de constater qu'en 2016 certains auteurs comme Mr Peel, dont le niveau primitif d'évolution ne dépasse visiblement pas celui de la tribu qu'il décrit, légitimisent, sous couvert de pastiche, le fait qu'une femme puisse être battue parce qu'elle a refusé de se soumettre à la sacro-sainte loi édictée par des hommes trop limités intellectuellement pour comprendre que nous n'avons pas besoin d'eux pour prendre des décisions. Il est encore plus désolant que ce genre de textes soit encouragé à une époque où, n'en déplaise à Mr Peel, loin de l'humiliation qui selon lui est la principale source de préoccupation des femmes battues (d'ailleurs de quel droit un homme humilierait-il une femme simplement parce qu'elle refuse de se soumettre ?) une femme meurt en France tous les deux jours et demi sous les coups de son compagnon.
La littérature ne tue pas. La mysoginie, si.
Les compagnons de l'ombre : tome 17, anthologie, textes de Nathan Cabaniss, Jean-Michel Ferragatti, Martin Gately, Travis Hiltz, Christofer Nigro et John Peel, traduits par Martine Blond, Benjamin Cortes, Catherine Dussault et Noé Gaillard, Rivière Blanche.
Lien externe : http://www.riviereblanche.com/compagnons017.htm
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