Contes d'Amy (Les)
Mais pourquoi n’ai-je pas lu ce livre plus tôt ? Avec Les contes d’Amy de Frédéric Livyns, je retrouve tout ce qui fait l’originalité du fantastique belge. Et du fantastique, l’auteur nous en sert sur un plateau en contant des petites histoires toutes plus différentes les unes que les autres, mais qui forment un tout dans ce recueil édité par Lokomodo. Un petit livre à un prix très démocratique qui, en plus, inclut un marque-page.
Curieusement, je n’ai pas lu ces nouvelles les unes à la suite des autres. Entre chacune d’entre elles, j’ai lu autre chose. Peut-être pour mieux apprécier les textes de Frédéric Livyns, pour ne pas être entré et aussi vite sorti de la lecture de ce recueil de nouvelles fantastique. Et le résultat, c’est que j’ai beaucoup apprécié ce recueil. À travers l’auteur, je trouve une relève assurée au fantastique belge. Jean Ray peut dormir sur ses deux oreilles, Frédéric Livyns est là pour nous concocter des histoires mystérieuses et cauchemardesques. Un fantastique classique à lire, qui pourrait facilement être adapté par le 7ème art.
Le livre a raflé le prix Masterton en 2012, ce qui ne m’étonne pas vraiment en le lisant. Les nouvelles sont courtes, l’écriture est très fluide et chaque texte est original. Il y a une certaine homogénéité, un certain équilibre dans ce recueil. Aucune nouvelle ne démérite sa place. Au contraire, chacune apporte une pierre à l’édifice que Frédéric Livyns a patiemment construit. La première et la dernière nouvelle ne forment qu’une seule et même histoire, dans laquelle on peut découvrir qui est Amy. C’est le fil conducteur de ce recueil.
En fait, cela commence par la visite d’un couple, Charles et Coralie, qui a un projet immobilier et s’intéresse à un bâtiment à l’abandon en pleine forêt. L’agent immobilier leur apprend qu’il s’agit d’un ancien asile psychiatrique qui pendant la seconde Guerre Mondiale a été réquisitionné par les Allemands qui en ont fait un point d’observation contre les maquisards." Les pins", c’est le nom de cet ancien institut, accueillaient des pensionnaires qui ont tous été fusillés par les Allemands.
Pendant que Charles visite le bâtiment en compagnie de l’agent immobilier, Coralie découvre des anciens dossiers médicaux qui font référence à une patiente qui s’appelle Amy. Une fillette qui a prématurément vieilli et a un don particulier, celui d’effrayer les autres personnes en leur instillant des cauchemars qu’elle a préalablement écrits. Chaque nouvelle correspond à un de ces cauchemars. C’est excellent, bien amené et très fluide.
A noter, l’excellente préface de Christophe Collins, qui lui aussi navigue entre polar, macabre et aventure.
Un bon conseil, si vous voulez dormir sur vos deux oreilles, n’achetez pas un asile psychiatrique en pleine forêt ! Par contre, ne laissez pas passer ce livre, si vous aimez le fantastique. C’est du belge et c’est excellent.
Les contes d’Amy par Frédéric Livyns, Lokomodo, 224 pages, Prix Masterton 2012, illustration de Jimmy Kerast