De « Nuit tombante » à « Midi »
Un type glande sur une caisse en bois. Il crache. Le temps passe. La rue est silencieuse. Puis une femme surgit et lui propose du fric contre un boulot de porteur. Il n’a rien d’autre à faire. Il accepte. Elle l’embarque dans tous les magasins du quartier. A la nuit tombante, des sacs par-dessus la tête, il grimpe chez elle. L’appartement est luxueux. Deux autres beautés accostent le type et lui demandent son nom. « Dada ». Va pour Dada ! Elles l’entraînent dans un mélange de fête et de sado-masochisme. L’alcool coule à flot. Les coups aussi. Trois inconnus débarquent. Dada est ivre Il vient de s’envoyer en l’air avec la nana de qui il a porté les sacs. Il boit. Les questions fusent. Qui sont ces types ? Chez quel genre de folles est-il tombé ? Que fout cet étrange coffre noir au milieu du salon ? Après un rire collectif, « les trois mystérieuses » proposent d’avancer le rituel afin de répondre à sa dernière question.
On voudrait nous faire croire que la majorité des individus qui peuplent cette planète connaissent un conte de fées. Je ne sais pas qui est ce « On », vu qu’il peut se cacher n’importe où. Dans l’éducation de nos parents ! Dans les textes de loi ! Et dans bien d’autres endroits encore ! Tout ce que je sais, c’est que ce « On » ne nous parle qu’en surface. « Je nais quelque part, je deviens rebelle à l’adolescence, puis je prends un taf, j’ai des petits soucis, ça va mieux, je me marie, je fais des gosses, j’ai des projets et je meurs, avec ou sans un sou ». Pendant ce-temps, nous assistons sur nos écrans de télé, à l’histoire de gens hors norme, aux pratiques étranges et aux passés bancales. Nous voyons des familles se déchirer, nous voyons des sado-masochistes, nous voyons des homosexuels, nous voyons des ermites en milieu urbain, nous voyons des drogués, des gens battus...
Au final, « On » dresse le tableau d’un monde radical que « On » a radicalisé. Car ces détraqués, ces divisés, ces exhibitionnistes et ces impulsifs, ces pessimistes et ces possessifs, ne sont autres que nous, vous, moi et eux ! … cette mouvance que l’on appelle Humanité et qui se redécouvre lorsqu’elle commence à entretenir des rapports avec les autres.
Cette redécouverte, Baladi nous la conte à travers un récit à la fois sombre et lumineux. La force de cet auteur étant justement d’allier un encrage très contrasté à une suite de récits tout aussi contrastés. Il y a de l’espoir, au final. Des échecs, malgré tout. Nous voyageons dans le surréalisme de chaque situation. Des super-héros apparaissent, des anges gardiens, des démons intérieurs, toutes sortes de créatures sorties de l’imaginaire collectif que chaque adolescent construit pour se confronter au monde.
Personne n’est obligé d’y croire ou de s’en créer. Certains préféreront s’adonner à toutes sortes de pratiques sexuelles ou fuir en snifant des drogues. Quel que soit le parcours, le message est le même. Il importe que chacun finisse par se confronter aux autres, en multipliant les contacts physiques et verbaux avec autrui. Alors, des infos sur les autres vous parviendront, elles feront écho avec votre vécu et vous trouverez votre place en ce monde, entre domination et servitude.
Tome 1 – Nuit Tombante
Tome 2 – Nuit profonde
Tome 3 – Nuit blanche
Tome 4 - Midi
Scénario et dessins : Baladi
Editeur : La Cafetière
Parution : de janvier 2004 à janvier 2007
Nombre de pages : 60 par tome