Salon BD en Périgord. Un rendez-vous à ne pas manquer.
En automne, si les forêts du Périgord regorgent de champignons, les villes, elles, regorgent de festivals. A Périgueux, par exemple, il ne fallait pas manquer les deux grands rendez-vous de la littérature. Le Salon International du livre Gourmand en novembre et le plus vieux salon bd d’Aquitaine en octobre.
Loin de l’énorme vitrine d’Angoulème, la banlieue de Périgueux reçoit chaque année ce sympathique salon dans le village de Bassillac. Tout a commencé un beau mois d’octobre 1989. Pour quelques férus de BD, l’envie était trop forte et ils ont monté le tout premier salon BD d’Aquitaine. En 19 ans, il y en a eu du beau monde ! Corbeyran, l’ami bordelais, mais aussi André Chéret qui a dessiné un magnifique « Rahan » pour l’affiche de la 4ème édition et cette année, c’est Pascal Rabaté qui était à l’honneur. L’occasion de découvrir quelques planches originales d’Ibiscus et la quantité de projets sur lequel cet auteur prolifique a travaillé.
Il y avait plein d’autres invités, bien sûr. 51, pour être exact. La mode Manga oblige, des animations étaient prévues autour de ce thème, ainsi que des cours de BD dispensés par plusieurs auteurs. Pas moins de 450 enfants ont pu échanger avec Rabaté, mais aussi Jean Harambat ou encore Grégory Elbaz, l’auteur du très poétique « Bix ». Et tout ça pour seulement 4 euros. Ca les valait, croyez-moi.
Je m’arrête là pour la présentation et je vous propose d’en savoir plus sur ce modeste, mais très convivial salon, en écoutant son organisateur, Mathieu Druillole.
Bonjour Matthieu Druillole. Quel souvenir gardes-tu de ce 19ème salon de la BD en Périgord ?
Un excellent souvenir, avec une ambiance extrêmement chaleureuse ! Je crois bien que c’est la première fois en 19 éditions que nous n’avons pas eu à affronter le moindre problème d’organisation, fût-il mineur ! Visiblement, le public était ravi de pouvoir rencontrer des auteurs à la fois si nombreux et si différents. Notre choix de constituer un plateau d’invités éclectique s’est avéré payant : il y en avait pour tous les goûts, tous les âges, toutes les envies… Et toutes les grandes maisons d’édition côtoyaient de petites structures, ce qui là aussi correspond à l’état d’esprit de la manifestation : faire découvrir au public de nouvelles formes de BD à côté des classiques, dans un esprit détendu et convivial. Quant aux scénaristes et dessinateurs présents, ils nous ont tous fait part de leur plaisir à avoir passé un week-end si agréable à Bassillac ! Bref, nous abordons notre 20ème anniversaire dans les meilleures conditions possibles ! J’ajouterai que la journée du vendredi, réservée aux scolaires, s’est également très bien déroulée. Les collégiens ont remis leur prix à Mara pour son album Clues (éditions Akiléos). Le prix du Public a quant à lui été attribué à Martinage et Roulot pour leur série Goblin’s (Soleil Productions).
Cette année, l’invité d’honneur était Pascal Rabaté. Pourquoi l’avoir choisi ? Qu’est-ce qui te passionne dans ses BD ?
Cela faisait plusieurs années que nous souhaitions accueillir Pascal Rabaté à Bassillac. Il est en effet l’un des plus grands auteurs actuels de la bande dessinée française. Par ailleurs, ses talents ne s’arrêtent pas au seul neuvième art. Et puis, il est un raconteur d’histoires hors pair. Personnellement, je l’ai découvert – comme beaucoup – lors de la publication du premier tome d’Ibicus, son adaptation exceptionnelle du roman d’Alexis Tolstoï… Un récit épique à couper le souffle, et un graphisme bouleversant ! La suite fut à l’avenant, et ses dernières publications sont venues rappeler tout l’étendue de son talent, avec notamment le scénario de La Marie en plastique ou bien le remarquable Les petits ruisseaux…. Voilà pourquoi nous lui avons proposé d’être notre invité d’honneur cette année… Et à vrai dire, nous n’y croyions pas vraiment, d’autant plus que nous nous y étions pris très tard, c’est-à-dire en juin ! Nous avons été d’autant plus heureux de sa réponse. Tout a été très simple avec lui, c’est un garçon extrêmement sympathique. Et plein d’humour !
Il y avait 4 expositions si je ne me trompe. Que peux-tu nous en dire ?
En effet, nous présentions cette année 4 expositions de grande qualité : l’une consacrée à Pascal Rabaté, constituée de planches, d’illustrations et de dessins originaux, la seconde présentant le travail de Jean Harambat (planches originales de son album Les Invisibles, paru aux éditions Futuropolis en août dernier), les deux autres étant consacrées à des ouvrages dont la thématique tourne autour du jazz (exposition scénographiée sur l’album Blues du grand maître de la BD italienne Sergio Toppi, et présentation de planches originales au fusain de Grégory Elbaz tirées de son album Bix)…
Quel travail cela représente-t-il de monter un tel salon chaque année ?
L’organisation d’un salon tel que le nôtre nécessite un travail constant sur l’année précédant l’événement. Le festival de Bassillac a ceci de particulier qu’il est à la fois le plus ancien et le plus important d’Aquitaine. Autre spécificité, il est depuis sa création organisé par l’Amicale Laïque de Bassillac, c’est-à-dire uniquement par des bénévoles. Nous passons donc beaucoup de temps à préparer l’organisation de cet événement annuel, qui nécessite de remplir d’importants dossiers administratifs, de contacter de nombreux auteurs, de relancer les maisons d’édition, de gérer une logistique relativement lourde (repas, hébergement, transport de la cinquantaine d’artistes invités, plan de communication, relations pressse…). La liste des tâches à effectuer serait longue ! Il va de soi que rien ne serait possible sans la passion, l’enthousiasme et la disponibilité des bénévoles de l’association !
As-tu déjà des pistes pour l’année prochaine ? Des envies ?
Des pistes et des envies, nous n’en manquons pas ! Mais il est trop tôt pour révéler quoi que ce soit. Une chose tout de même : nous allons convier tous les précédents invités d’honneur, ainsi que l’ensemble des lauréats du Prix du Public, 20ème anniversaire oblige ! Et une douzaine d’auteurs qui ne sont jamais venus à Bassillac nous ont d‘ores et déjà fait part de leur souhait de venir en octobre 2009. Les choses s’annoncent donc sous les meilleurs auspices.