American Haunting

Esprit es-tu là ?

L’emprise

L’action se déroule en 1817 à Red River dans le Tennessee. John Bell, un riche propriétaire terrien, est accusé d’avoir dépossédé d’une partie de ses terres Kathie Batts, l’une de ses voisines qui a la fâcheuse réputation d’être une sorcière. Bien que condamné par les membres de l’Eglise, il n’a pas à verser de dommages et intérêts à sa voisine qui, furieuse d’avoir été lésée, le maudit ainsi que le restant de sa famille devant témoin. Peu de temps après d’étranges évènements surviennent dans le quotidien de la famille Bell. C’est ainsi que lors d’une partie de chasse en compagnie de son fils aîné, John Bell se retrouve face à un énorme loup noir aux terrifiants yeux jaunes qu’il est pourtant le seul à voir. Quant à Betsy, sa fille adorée, elle est sauvagement agressée par un esprit maléfique qui lui fait subir de nombreux sévices dès que résonnent les douze coups de minuit. N’arrivant plus à dormir de la nuit, la malheureuse victime dépérit à vue d’œil et s’endort, de plus en plus souvent, à l’école ce qui attire l’attention de Richard Powell, l’instituteur du village. Contrairement à la grande majorité des habitants du coin, ce dernier est un homme éduqué qui reste donc très sceptique vis-à-vis des multiples témoignages des différents membres de la famille et des domestiques, appelés à la rescousse, qui assistent impuissants aux diverses manifestations du poltergeist qui martyrise la jeune fille toutes les nuits. Toutefois, loin d’être insensible au charme de l’adolescente, Powell finit par accepter de se rendre sur les lieux afin de tenter de trouver une explication rationnelle aux mystérieux évènements qui s’y déroulent et permettre ainsi à Betsy de pouvoir reprendre paisiblement le cours de sa vie. Il assiste alors à des choses qui le dépassent complètement. Rien n’y fait, pas plus les séances de prières en commun que la tentative d’exorcisme pratiquée par le révérend Johnston. Très inquiet pour la santé, tant mentale que physique, de sa fille devant ce déferlement de violentes agressions quotidiennes, John Bell organise alors une tentative de fuite éperdue qui échoue lamentablement. Cela ne fait qu’empirer les choses et la terreur les envahit littéralement lorsque l’esprit se met à leur parler, prenant des voix différentes mais refusant toutefois de leur donner la moindre explication. Il devient toujours plus menaçant, n’épargne plus aucun membre de la famille et va même jusqu’à prononcer une sentence de mort à l’encontre d’un d’entre eux. Les Bell cherchent des explications rationnelles à ces phénomènes effrayants ainsi que divers moyens de se débarrasser de cette menace mais rien ne parvient à en venir à bout.

Innocent blood

La légende de la sorcière Bell a déjà généré la rédaction d’une vingtaine de livres et reste aujourd’hui l’histoire de maison hantée ayant fait l’objet du plus grand nombre de témoignages de l’histoire américaine. En Amérique, c’est le seul cas d’esprit frappeur qui ait fait l’objet de constats officiels. Différentes théories existent pour tenter d’expliquer ce qui s’est passé à l’époque en fonction des divers témoignages ayant franchi les siècles : malédiction lancée par une sorcière, maison qui aurait été construite sur un ancien cimetière indien, possession démoniaque, … Le scénario du film est adapté du roman, intitulé “The Bell Witch – An American Haunting” de Brent Monahan, dont les 3/4 du récit sont basés sur les divers témoignages. La théorie qu’il avance est celle d’un poltergeist vengeur résultant de l’énergie de quelqu’un qu’on aurait dérangé. Il part donc du principe que ceux qui ont la conviction d’être hantés par un tel phénomène l’ont, en général, eux-mêmes généré en émettant une énergie négative suite à un événement traumatisant. L’intrigue est scindée en deux parties dont une se déroule de nos jours et où une descendante des Bell découvre le récit, rédigé par une aïeule, des terribles évènements qui se sont déroulés en 1817. Elle va alors revivre la nuit où naquit le poltergeist et découvrir l’horrible vérité qui l’a poussé à se manifester.

American Haunting est plus un thriller surnaturel (puisque le but est de découvrir la cause qui a déclenché ces tragiques évènements) qu’un film d’horreur tel qu’on est désormais habitué à les voir (ceux qui s’attendent à voir des scènes gore, passez votre chemin). Courtney Solomon a choisi l’option “film d’épouvante traditionnel” avec la très grande majorité des effets spéciaux faits à l’ancienne, c’est-à-dire sur le plateau au moment du tournage (la pauvre Betsy est secouée comme une vulgaire poupée de chiffon puis projetée d’un mur à l’autre. Son corps lévite à environ un mètre au-dessus du sol avant d’être pris de violents soubresauts incontrôlés. L’esprit l’attrape, la plaque au sol puis la traîne par les cheveux de force dans les escaliers, son corps rebondissant alors bruyamment sur chaque marche), et très peu d’effets numériques (par exemple, lorsque l’esprit traverse les murs ou quand la caméra passe dans l’œil d’un des personnages). Afin d’instaurer un sentiment de malaise, certains plans ont été filmés avec de légers travellings. Quand à la scène où le carrosse transportant Betsy, dans une vaine tentative de fuite, percute de plein fouet un tronc d’arbre alors que les chevaux galopent à bride abattue, avant de faire un vol plané dans les airs et de s’écraser au sol en piteux état, elle fait incontestablement référence à Sleepy Hollow. Malgré un casting de choix, il n’y a rien ici de vraiment original dans la mesure où le scénario accumule les clichés et toutes sortes de références (L’Exorcisme, L’Emprise, …) tout en se contentant de répondre aux codes du genre.

American Haunting

Réalisation : Courtney Solomon

Avec : Donald Sutherland, Sissy Spacek, James D’Arcy, Rachel Hurd-Wood, Matthew Marsh, Thom Fell, Vernon Dobtcheff.

Sortie le 25 avril

Durée : 1h 33