Ombre de Saganami T1 et T2 (L')

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Non ce n’est pas un Honor Harrington. Oui cela se passe dans le même univers qu’Honor Harrington. Et oui, elle apparait dans le livre. L’ombre de Saganami, de David Weber, se passe en même temps que « Coûte que coûte ».

L’ombre de Saganami fait un peu penser à Mission Basilic, lorsque Honor Harrington commandait encore L’intrépide, un croiseur manticorien. La grande différence c’est que Aivars Terekhov, aux commandes de l’Hexapuma un croiseur lourd de classe Saganami-C, doit se déplacer dans tout l’amas de Talbot, alors qu’Honor Harrington restait dans le système de Basilic. Si sa tâche est plus difficile, elle est aussi moins captivante. C’est en tout cas l’impression qu’on a au départ. Mais rapidement on se rendra compte que autrement plus compliquée.


Après un référendum, les habitants des différents systèmes stellaires de l’amas de Talbot ont décidé d’intégrer le royaume de Manticore. Mais si la majorité l’a souhaité, bon nombre de personnes ont des avis divergents et sont prêtes à saboter ces accords. Et cela en s’alliant avec des entreprises qui ont des intérêts économiques dans la ligue solarienne toute proche. Si la mission de Therekov est avant tout diplomatique, elle s’avère être plus compliquée que prévue face à toutes les sensibilités des différents partis de chaque système stellaire. Accompagné d’un diplomate local, il va représenter les intérêts de Manticore.

Tandis que les habitants de l’amas doivent confirmer leur rattachement au royaume stellaire de Manticore, L’Hexapuma (qui fait partie d’un groupe local de vaisseaux de guerre) joue les gendarmes et doit faire face à des pirates et trafiquants d’esclaves. Sans parler du complot qui se trame et va mener à une grande bataille spatiale (comme on en l’habitude dans le cycle Honor Harrington).

Aivars Terekhov a moins de charisme qu’Honor Harrington, mais au fil du temps on s’y attache, lui et ses subalternes, comme Hélène Zilwicki par exemple. Terekhov a d’abord une revanche à prendre par rapport à ce qui lui est arrivé dans le passé, lorsqu’il a perdu son précédent vaisseau. Ensuite, il doit à la fois jouer les gendarmes et les diplomates. Et enfin, il doit prendre des initiatives avant que la situation ne soit en défaveur de Manticore. On reconnait chez lui des qualités qu’on trouvait précédemment chez Honor Harrington. Et c’est ce qui fait le bonheur de ce livre.

Il y a, à mon sens, trop d’intervenants dans cette histoire, trop de politiques, trop de terroristes. Cela nuit un peu à l’histoire. Avec Honor Harrington, on avait Manticore contre Havre. Ici on a une multitude de systèmes stellaires de l’amas de Talbot, plus des comploteurs Mesans, face à quelques forces de Manticore. Comme lecteur on a difficile à distinguer autant de personnages, surtout en se demandant qui est utile et qui ne l’est pas.

Par contre le complot dirigé par la firme Jessik & Co, ainsi que la fourniture des vaisseaux de guerre d’origine solarienne est vraiment dans la droite ligne de ce qu’on attend de ce cycle. Du pur space opera, avec son lot de batailles spatiales comme on les aime.

En dehors du même défaut récurrent chez David Weber (trop long, trop de personnages), L’ombre de Saganami se lit sans déplaisir, car l’écriture reste fluide et dans la plus pure tradition de l’Honoverse. Un livre pour amateur du cycle, qui veut savoir à quoi Manticore est confronté pendant qu’Honor Harrington combat les Havriens avec la huitième force.

Chapeau à Michel Pagel qui fait presque aussi bien que Florence Buri pour la traduction. Je dis presque, car alors que dans tout le cycle on écrit : à Manticore, à Grayson, à Faille, Michel Pagel a décidé d’écrire en Manticore, en Grayson, en Faille. Ce qui est parfois agaçant pour l’inconditionnel d’Honor Harrington que je suis. En dehors de ce petit détail insignifiant, c’est parfait.


Après avoir lu plus de 1000 pages, j’en suis ressorti très content. Me disant que la suite « L’ennemi dans l’ombre » serait une de mes prochaines lectures. Ces deux tomes s’adressent évidemment aux amateurs du cycle principal. Bien qu’il soit possible de le lire indépendamment. Mais un nouveau lecteur qui se lancerait dans l’aventure serait tôt ou tard obligé de revenir vers le cycle principal pour mieux comprendre les tenants et aboutissants. En tout cas, c’est un bon David Weber, qui laisse évidemment planer des doutes quant au dénouement de l’histoire dans l’amas de Talbot. Ceux qui ont lu « Coûte que coûte » savent très bien que le royaume de Manticore devra faire face à la menace créée par la ligue solarienne. C’est en quelque sorte annoncer la bataille entre David et Goliath. Je me demande comment tout cela va se terminer. Mais ça, c’est une autre histoire.

Dois-je encore dire que c’est mon cycle de space opera préféré et que tout amateur du genre y trouvera son bonheur ?

L’ombre de Saganami T.1 & 2, David Weber, 2009, 1040 pages, couverture de Genkis, traduction de Michel Page, L’Atalante.

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