Portes de la magie (Les)

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Cela fait plaisir de relire des oeuvres de Julia, et de découvrir quelques nouvelles ou interviews pas encore lues. Sauf qu’il y a quelques petits hiatus dans ce volume.

Le premier est que les récits regroupés dans ce volume se présentent d’une manière ambiguë : ce ne sont pas vraiment des récits de fantasy, même si au départ ils se présentent comme des aventures picaresques dans des mondes barbares. Mais à chaque fois, que ce soit en faisant appel à des univers parallèles éventuellement reliés par des portes inter-dimensionnelles (dans La Flûte de verre froid comme dans La porte des serpents) ou à un futur lointain post-apocalyptique et à un retour à la barbarie, à des animaux mutants ou d’origine étrangère et à une magie de type « pouvoirs psy », Julia Verlanger nous écrit de la fantasy à la mode SF (comme l’a fait Moorcock avec son multivers).

Dans les nouvelles qui clôturent le volume, nous avons une mutante traitée en monstre, une invasion étrangère : de la SF, vous dis-je...

Après tout, le truc marchait aussi avec les colonies perdues de « Horlemonde », de « D’un lieu lointain.... », avec là encore des mondes barbares où s’affrontent religions et pseudo-magies. C’est ce qu’on appelle science-fantasy et qui, pour moi, est une SF plus ou moins réussie, plutôt qu’une mauvaise fantasy.

Dans trois des romans de ce volume, le héros est un aventurier barbare, voleur ou mercenaire, confronté à une quête plus ou moins classique ; dans le quatrième (le deuxième du volume), c’est un homme de notre monde précipité dans un monde fabuleux et qui essaye de s’y trouver une place, ou de revenir sur Terre.

Le deuxième hiatus me paraît plus grave : il m’a fallu relire Les Cages de Beltem pour voir à quel point, excessif à mon avis, Julia Verlanger aime à placer ses héros dans des situations masochistes - prisons, chaînes, tortures, esclavage, mines... Qu’ils finissent par gagner et repartir victorieux vers d’autres aventures (d’autres supplices ?) devient, au bout d’un certain nombre de répétitions du truc (rencontré dans chacun des quatre romans)... disons lassant. Et les variantes dans les sauvetages ou les rencontres avec des personnages qui donneront les explications scientifiques sont amusantes, mais là aussi un peu artificielles.

Bref, le « sense of wonder » perd son effet au bout de quelques romans...

Alors, ceux qui ont la chance de posséder les versions séparées, les parutions anciennes, préféreront les relire et ne conserveront les volumes de l’intégrale que pour les quelques ajouts (préfaces, nouvelles, interviews, postfaces). Les autres devront apprendre à savourer un roman, puis à attendre un moment avant de savourer le suivant. Lire d’affilée les quatre romans d’un volume n’est pas conseillé sauf dans le cas des épisodes de L’Autoroute sauvage, du premier volume de l’intégrale.

Intégrale qu’il faut quand même posséder, sous peine d’ignorer un auteur important.

Julia Verlanger, Les Portes de la magie, (4° volume des Oeuvres complètes), couv. Benjamin Carré, 668 p., Bragelone « Les Trésors de la SF

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