SIRE Cédric 03

Auteur / Scénariste: 

Comme ce n’est pas notre première interview, nous avons décidé de changer les règles.

Voici donc notre « interrogatoire ».

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Asseyez-vous et déclinez votre identité, domicile et emploi.

Sire Cédric, résidant à Toulouse, écrivain.

Vous êtes ici en tant que témoin informel : votre récit est tellement détaillé que nous souhaitons en savoir plus sur votre implication dans cette enquête sur Dorian Barbarrosa, ce serial killer au centre de « La mort en tête ». Comment avez-vous rencontré ce personnage ?

Il a toqué à la porte de mon esprit, un matin au réveil, il y a un peu plus d’un an, avec un grand sourire et une étrange cicatrice sur le front. Un air de premier de la classe, à qui on aurait donné le Bon Dieu sans confession, comme on dit. Mais souveniez-vous, je suis romancier, on ne me la fait pas aussi facilement, d’accord ? Son sourire, sa trop grande assurance, cachaient quelque chose de peu banal. Une histoire, certainement. Faite de sang. De morts. Au pluriel. Sans parler de la cicatrice. J’ai alors compris que ce type était un des rares à vivre avec une balle dans la tête. Véritablement. Une balle de calibre 22 coincée entre ses deux hémisphères cérébraux, qu’il s’était prise au cours d’une fusillade entre petits délinquants, dix ans auparavant, et que les médecins avaient préféré laisser là, l’opération pour la retirer s’avérant trop risquée… Une pensée en a amené une autre. Ses crimes… impunis. Son obsession… de plus en plus délirante. Ses prochaines victimes… des amis à moi, Eva et Alexandre, qui ne se doutaient encore de rien ! J’ai su qu’il fallait que j’écrive son histoire tout de suite. C’est ainsi que tout a commencé… comme d’habitude, si j’ose dire. Une idée. Une envie. Et une histoire qui naît. Qui se déroule (presque) toute seule…

Quelque chose ou quelqu’un vous a aidé dans votre pistage de pareil personnage et de son histoire ? Un médecin pour les informations sur la balle qu’il a entre les deux hémisphères, un informaticien pour les approches de hacking ?

Quand on fait la profession qui est la mienne, les recherches font partie du quotidien – et du plaisir, j’avoue ! Pourtant, je n’ai pas eu à chercher bien loin, de tels cas cliniques existent, même s’ils sont rares. Je n’ai également eu qu’à regarder autour de moi – en empruntant pour l’occasion un regard de sociopathe, bien évidemment – pour constater qu’aujourd’hui toutes les techniques de pointe sont là, à notre portée, pour traquer quelqu’un sans le moindre problème. Nos vies sont étalées sur les réseaux sociaux, avec celles de nos proches, de nos animaux de compagnie même ! Et bien sûr nous sommes géolocalisés en permanence grâce à Apple, nos véhicules, nos amis et ainsi de suite ! En deux clics, on peut acheter des armes sur le net. Des plus anodines, comme un taser, jusqu’aux plus terribles, comme les grenades incendiaires ! Ajoutons à cela qu’au fil du temps j’ai rencontré diverses informateurs, y compris au sein de la police, voyez-vous, qui n’hésitent pas à compléter mes lacunes et à me corriger quand je commence à raconter de trop grosses bêtises sur le fonctionnement de leur métier !


Ce n’est pas la première fois que votre chemin rencontre celui des inspecteurs Eva Svärta et Alexandre Vauvert. Avez-vous fait un profilage complet des deux policiers ou en apprenez-vous encore ? Ont-ils une vie privée, loin de votre regard ?

Eva et Alexandre, je les connais… comme si je les avais faits ! Je peux donc prétendre, sans exagérer, qu’ils ne peuvent rien me cacher…

Êtes-vous, quelque part, leur éminence grise ?

Vous m’ôtez les mots de la bouche. Mais ne le leur répétez pas. Ils s’imaginent être maîtres de leur destin. Sinon ce ne serait pas amusant. D’ailleurs, les pauvres ne peuvent se douter de tous les problèmes à venir que leur réserve encore leur créateur… Mais c’est le destin de tous les héros mythiques. Ce n’est que plongés dans la tragédie qu’ils peuvent révéler toute leur grandeur…

Avez-vous déjà eu des contacts avec un médium ? Amy, la médium du récit, existe-t-elle ?

Tous les personnages de mes romans existent. Mais… uniquement dans la tête de chaque lecteur, j’en ai peur. Je suis persuadé qu’il y a de nombreuses Amy autour de nous. Des femmes qui ont survécu à des vies difficiles et qui ont su utiliser leurs propres armes, et leur grandeur d’âme, pour rester debout et faire ce qu’elles jugeaient être le bien.

Des connaissances dans le monde de la magistrature ?

Non. Je connais désormais des flics, des médecins légistes, des voyous divers et variés (mais que cela reste bien entre nous). Mais de juge, pas encore. Je serais d’ailleurs enchanté d’en rencontrer !

Dites, vous pensez sérieusement qu’on ne perd pas son âme avec de pareilles fréquentations ? Vous ne devriez pas sauver ce qu’il vous reste en écrivant des livres de cuisine régionale ou des guides de tourisme ?

À ma manière, j’écris des guides touristiques. Je dresse une carte des rivages de l’imaginaire, et elle se superpose assez bien sur les lieux qui nous entourent, figurez-vous ! Quant à sauver mon âme, êtes-vous un flic ou un prêtre, d’abord ?

Quelle horrible observation dans l’épilogue… Même si les rapports de police sur l’incident ne permettaient pas de clore cette affaire. Bref, c’est presque certain que vous n’en avez pas fini avec vos observations d’Eva et Alexandre. Vous pensez faire une pause avec un autre sujet ou rien n’est encore planifié ?

Vous comprendrez que je ne suis pas habilité à dévoiler ce genre d’information. D’ailleurs, je me demande pourquoi mon avocat n’est toujours pas arrivé. Mais… vous n’avez pas le droit de me poser toutes ces questions dans ces conditions ! Vous avez vraiment de la chance que je sois bien disposé !

Bon, on garde votre numéro pour d’éventuelles questions en plus… Heu, juste une dernière question ? Est-ce que Eva ou Alexandre vous ont demandé d’être le parrain ?

Et comment ! Nous formons tous une famille assez soudée, voyez-vous !

Allez, l’agent (NDLR : de police mais littéraire aussi, tiens !) va vous raccompagner. Encore merci pour votre collaboration, Monsieur Cédric... Monsieur Sire… enfin, merci quoi !

Pas de quoi. Mais pour la peine j’espère que vous me ferez une bonne promotion de mon roman La mort en tête, disponible partout depuis le 07 novembre 2013 !

Site facebook "La mort en tête"

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Commentaires

Il est unique, je n’ai jamais lu si captivant, je suis une assidue de thrillers, policiers....mais il est incroyable. Je suis séduite, admirative.
Pitié ne pas lui demander d’écrire des livres de cuisine, laissez ce génie nous déconnecter d’un monde qui perd la boussole.
Sire Cédric c’est le talent, la simplicité, la gentillesse etc...... Il ne doit rien changer, surtout pas sa coiffure, surtout ne pas couper ses beaux cheveux.

Armelle