S.F. [Art, science & fiction]

« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie »
Arthur C. Clarke

Pour son dixième anniversaire, le MAC’s, Musée des arts contemporains, nous offre un voyage dans l’univers de la science-fiction.

La manifestation, intitulée S.F. [Art, science & fiction] nous emmène à la découverte d’une exposition collective qui présente de nombreuses disciplines de l’art d’aujourd’hui.


D’Orson Wells à Arthur C. Clarke, de Yoko Tsuno aux Marvel, d’E.T. à 2011, a Space odyssey, la science-fiction a inspiré les plus grands en littérature, bande dessinée ou cinéma.

Pourtant, la science-fiction a aussi, dès ses débuts, inspiré le monde artistique dans le domaine des Beaux-Arts. peinture, sculpture, photographie, actions publiques. Autant de techniques artistiques qui ont puisé dans la culture et l’imaginaire SF pour en exprimer les principaux mythes.

L’exposition présente plus de septante œuvres d’art moderne et contemporain, nous faisant redécouvrir les voyages dans le temps et dans l’espace, les mondes post-industriels ou post-apocalyptiques, les aliens et autres fantasmes liés aux progrès technologiques.

Voyage à travers le temps

Le temps qui passe, inéluctable, statistique, scandé au travers l’œuvre « One Million Years – Past » et « One Million Years – Future » de l’artiste japonais On Kawara.

La Jetée, film français de science-fiction de Chris Marker (1962), considéré comme un chef-d’œuvre est en fait un « photo-roman » commenté par un narrateur unique et accompagné d’une bande-son réalisée par Trevor Duncan. Cela donne à ce récit très singulier un fort contenu poétique et sert à représenter une face de la « réalité ».

« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par un souvenir d’enfance ». Le héros, prisonnier dans un camp souterrain après la troisième guerre mondiale, devient le cobaye de scientifiques qui cherchent à l’envoyer dans le passé pour établir un corridor temporel afin de permettre aux hommes d’autres époques d’« appeler le passé et l’avenir au secours du présent ».

Cet essai cinématographique sera à l’origine du film de Terry Gilliam, L’Armée des 12 singes, en 1995.

Créée en 1999, la Big Crunch Clock de Gianni Motti est une horloge digitale solaire à vingt chiffres qui effectue le compte à rebours de la période prévue pour l’explosion du soleil, dans cinq milliards d’années. Le décompte du temps, au centième de seconde, bien que long, est inéluctable ; il fait prendre conscience au spectateur des limites de l’univers.


Though the back hole

Jacques Charlier, Through the black hole

Espace intergalactique

Through the Black Hole, de la série « Art in Another World », de Jacques Charlier, est une invitation au voyage intergalactique, telle une publicité pour une agence de tourisme.

L’univers façon Superman, dans lequel Mike Kelley nous fait atterrir sur la planète Krypton, déambulant dans les rues d’une ville miniature faite de résine et de lumière.

L’originalité de l’œuvre de Frédéric Platéus vient pour une part de sa fascination pour certains objets et figures liés à la technologie et à la science-fiction. Sa virtuosité à générer des formes font de ses œuvres des sortes d’ovnis à l’image de Proteus IV, le robot du film de Donald Cammell, qui se fabrique un corps géométrique à partir d’un cube ayant la faculté de se mouvoir dans l’espace en se déployant en formes pyramidales.

Artiste, ingénieur, physicien, inventeur et visionnaire, Panamarenko a mené une recherche insolite sur des notions telles que l’espace, le mouvement, le vol, l’énergie et la gravitation. Son œuvre, qui associe expérimentation artistique et technologique prend diverses formes : avions, sous-marins, voitures, tapis volants, oiseaux. Des constructions toujours spectaculaires, d’une beauté étrange, à la fois ludiques et imposantes.

Anton Corbijn, photographe des stars, présentant le groupe Kraftwerk au travers de clichés noirs et blancs fortement contrastés, rappelle l’épopée de Star Trek, ou la série d’animation Thunderbirds.

L’Autre

Bruno Gironcoli, artiste orienté « art monumental », nous propose une œuvre spectaculaire, mélange de corps et d’objets, d’humain et d’alien.

Chef-d’œuvre du Land art, Spiral Jetty, de Robert Smithson, associe art monumental et cinéma dédiés au culte solaire et à l’infini, suscitant l’expérience d’un décentrement constant.

Construction artistique d’autant plus interpellante qu’elle n’est pas sans rappeler les pistes de Nazca, dessinées il y a plusieurs milliers d’années, symboliques du mythe extra-terrestre.

Qu’imagineront les générations futures devant les traces laissées par l’artiste ?

La nouvelle écologie

Considéré comme un pionnier du Land Art, Peter Hutchinson évoque des décors naturels victimes du dérèglement climatique et des effets de l’homme, en associant de manière improbable faune et flore dans des œuvres picturales utilisant le collage, la peinture, le pastel ou l’encre.

Que dire alors de Tetsumi Kudo, artiste japonais prenant comme source d’inspiration les effets de la bombe atomique et de l’évolution des technologies pour exprimer sa vision de l’évolution humaine, entre nature et technique, entre biologie et cybernétique, entre langage et outils de communication de masse. Avec un humour cynique, il relate la perte de la liberté de l’homme dans sa recherche constante d’évolution et d’immortalité.


Solid Rock

Solid Rock, panneau aggloméré peint, acier inoxydable, 140 x 220 x 180 cm, 2010 © Frédéric Platéus © Photo : Gregory Derkenne

Univers virtuel

João Maria Gusmão & Pedro Paiva construisent des œuvres lumineuses projetées, dans un univers virtuel, où l’objet lui-même n’a plus d’existence, mais bien l’image qu’il renvoie.

Se réservant la salle « Grange au foin », l’artiste britannique Anthony McCall a choisi d’installer une œuvre lumineuse de la série « Solid light films ». Deux cônes de lumière, formés par le halo des projecteurs vidéo, dessinent sur le sol des figures qui, se déployant en un mouvement perpétuel, construisent dans l’espace une architecture immatérielle.

Futur proche

Dora Garcia utilise l’œuvre littéraire Fahrenheit 451 (1957), pour en faire une nouvelle construction d’anticipation, dans un monde où le livre n’a plus aucun intérêt, si ce n’est la forme qu’il représente.

Marie Velardi présente son œuvre Futurs Antérieurs, XXIe siècle, frise chronologique se déroulant sur plus de cinq mètres, présentant un déroulé du 21ème siècle.

Séquencée par des événements marquants extraits d’ouvrages et de films d’anticipation, cette chronologie factice réécrit une histoire du siècle en cours et à venir.

Le Mac’s, au travers de son exposition S.F. [Art, science & fiction], invite le visiteur à devenir un voyageur de la Machine à remonter le temps, à perdre ses repères, jusqu’à perdre son reflet et son ombre.

Voir Space Oddity : design/fiction

Informations pratiques

MAC’s, Site du Grand-Hornu, rue Sainte-Louise, 82 -7301 Hornu, Belgique

Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 h, gratuit le premier dimanche de chaque mois