Reve de Fèvre

Auteur / Scénariste: 
Traducteur: 

1857 sur le Mississippi. Une série de revers de fortune a mis à mal la compagnie maritime d’Abner Marsh : entre hiver rigoureux, incendie, navire coulé, il ne lui reste guère plus qu’un vieux rafiot à une seule roue qui accuse le poids des ans. Aussi ne tarde-t-il pas à accepter la proposition d’un mystérieux dandy fortuné, Joshua York, de racheter la moitié de la compagnie. Dans le contrat, Marsh lui demande de financer le plus gros, le plus luxueux de tous les navires à roues à aube qui ait jamais navigué. En échange, York pose ses conditions : c’est lui qui choisit ses horaires, ses étapes, qui accueille ses invités quand et comme il l’entend, et il ne doit surtout pas être dérangé dans la journée, ne sortant que la nuit. Bien que surpris, Abner Marsh ne tarde pas à se poser des questions sur les mystérieux invités nocturnes bien trop pâles à son goût. Surtout lorsqu’il découvre par hasard le journal de York rempli d’articles relatant des morts violentes…

En parallèle à cette histoire, dissimulé au fond d’une ancienne plantation en ruine, un autre mystérieux individu, Damon Julian, entouré d’une cour à son image, charge son homme de main, Bill l’Aigle, de lui rapporter de jeunes esclaves quarteronnes qu’il sacrifie… La rencontre entre York et Julian parait inévitable…

 

Publié la première fois en 1982 sous le titre Fevre dream, bien avant la saga du Trône de fer, le roman nous revient dans une édition chez Pygmalion en septembre 2019, avec une superbe couverture. À l’instar de son aîné paru en 1976 par Anne Rice, Entretien avec un vampire, et sans poiler puisque l’on comprend très rapidement la nature des personnages simplement même en lisant la page 4 de couverture, Rêve de Fevre réinvente le mythe du vampire. Oubliés l’ail, l’argent, les miroirs, le vampire est un être qui peut être tué par le feu, ou en lui tranchant ou en le blessant à la tête. Il peut supporter dans une certaine mesure et de façon brève l’exposition au soleil. Et surtout, c’est un peuple qui lutte pour sa survie, chaque femme vampire mourant en couches faute de soins spécifiques appropriés. Le génie de l’auteur va donc être d’opposer deux écoles, celle de York qui pense que les hommes et les vampires peuvent cohabiter pacifiquement et celle de Julian pour qui les hommes ne sont ni plus ni moins que du bétail. Chacun voudra emporter le titre de Maître du sang. Et, au milieu de cette lutte, le capitaine Marsh, dont le seul but dans l’existence est de posséder le bateau le plus rapide de tout le Mississippi, celui dont on se souviendra longtemps, et de battre un autre bateau, l’Éclipse, son concurrent direct.

J’avoue, ce n’est pas spécifiquement pour l’auteur que j’ai choisi de lire ce titre. D’accord, on ne peut nier à George Martin une puissance narrative avec peu d’équivalent, il est sans aucun doute l’égal d’un Tolkien actuel. Mais je reste relativement hermétique à l’héroïc fantasy, je n’ai pas réussi à m’immerger dans sa saga. Par contre, son approche du vampire est un régal. Je n’ai quasiment pas levé les yeux du roman avant la fin des 500 et quelques pages qu’il contient. Le duo composé du richissime, cultivé et très beau Joshua York, et du rustre et très laid Abner Marsh fonctionne à merveille, les deux hommes éprouvant l’un envers l’autre une estime qui va bien au-delà de ce qu’on peut imaginer compte tenu de leur différence, et qui poussera chacun à remettre ses propres convictions pour se venir mutuellement en aide.

Un léger bémol : j’aurais aimé savoir ce qu’il advenait de certains personnages, une femme en particulier, dont la situation interpelle. Vous comprendrez si vous lisez cet excellent roman, d’autant plus si vous êtes fan d’Anne Rice.

Je remercie infiniment les éditions Pygmalion pour leur confiance.

 

Rêve de Fevre - George R.R. Martin - Editions Pygmalion, septembre 2019, 19,90€

Type: