Variable Star (VO)

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Dire qu’il s’agit d’une oeuvre très originale serait certainement exagéré. Une part essentielle de l’intrigue s’apparente assez à celle d’Une Porte sur l’été : le jeune héros se trouve projeté loin de ses espoirs, ici plus ou moins forcé d’émigrer vers une lointaine planète plutôt qu’expédié congelé dans le futur. Après diverses péripéties, il épousera la petite fille rencontrée avant son départ, le soeur de sa première fiancée, devenue assez grande pendant son voyage avec l’aide du paradoxe de Langevin. Si cette idée était dans les notes originales, parvenues incomplètes et sans fin à Spider Robinson, cela ne fait aucun doute que, même s’il changeait de forme d’exil pour son héros, Robert A.Heinlein n’avait pas complètement oublié ce projet (Une Porte sur l’été date de 1957).

Un certain nombre d’autres détails font du roman un presque pur Spider Robinson : par exemple faire débuter l’histoire à Vancouver, faire du héros un saxophoniste, rappeler nombre d’oeuvres d’art du vingtième siècle avec parfois un peu trop de détail sur les oeuvres picturales d’Alex Gray, qu’on peut aller revoir sur le site Internet de celui-ci si on n’a pas complètement « vu » les oeuvres décrites en détail par Spider, ou une insistance répétée sur les grands musiciens de jazz de notre époque ; cela rappelle alors que l’histoire se passe au 24° siècle dans l’espace-temps que Robert A. Heinlein appelle celui de Leslie La Croix, autrement dit celui de l’Histoire du futur, après crises et dictature religieuse du Prophète (voir Révolte en 2100), et donc les souvenirs d’avant l’Effondrement et la dictature devraient être plus que limités, même à supposer que l’histoire préalable ait été assez proche de celle de l’espace temps de Neil Armstrong.

Quelques réflexions sur la liaison entre le 11 septembre et les mauvaises réponses de Bush rendues responsables de l’arrivée du Prophète sont aussi du pur Spider, encore que je ne doute pas une seconde que RAH, s’il était encore parmi nous, aurait pu les approuver totalement. Enfin un épisode digne de Battlestar Galactica, d’ailleurs présenté de façon ambiguë, casse totalement l’idée d’insérer ce roman dans la continuité de l’oeuvre de Robert A. Heinlein.

Dommage, la même fin aurait pu être obtenue d’une façon beaucoup plus heinleinienne, et donc gentille. Malgré ces remarques, il est certain que les lecteurs de Heinlein retrouveront ce "sense of wonder" presque unique du Grand Maître et apprécieront la promenade. Les épisodes, les idées sur le voyage spatial, sont assez amusantes pour cela.

Prions pour que, en raison du Centenaire du premier Grand Maître de la science-fiction, un éditeur saura acheter et publier ce livre ; et, pourquoi pas, par la même occasion quelques autres merveilles de l’oeuvre de Spider Robinson qui n’en reste pas moins le plus fervent continuateur de l’ouvre de Robert A.Heinlein..

Variable Star, Spider Robinson, couverture de Stephena Martiniere, Tor, collection DsciFi, 320 pages.

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