Présences d’esprits n° 84

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Un numéro à conserver précieusement pour tous les amateurs d’utopies et de dystopies. Il contient en effet un dossier coordonné par François Manson, d’une richesse et d’une densité remarquables, dès l’introduction, écrite avec Georges Bormand. Le ton est donné d’emblée, par ces définitions : « Les sociétés utopiques, comme celle de Thomas More, sont “parfaites” parce que voulues comme telles par leur créateur humain. De même, une contre-utopie n’est pas simplement la description d’un monde effrayant : elle est la description d’un monde rendu effrayant par la réalisation raisonnée et consciente – parfois acharnée et méthodique même ! – d’un projet politique ou philosophique ». Ce constant va et vient entre idéaux devait bien sûr rencontrer l’uchronie (les « futurs passés ») largement abordée par nos deux auteurs, véritables puits de science. Ensuite, Manson continue seul, par un historique détaillé de l’utopie à partir de La République de Platon et autres textes anciens (Hésiode, Ovide) et, bien sûr, de la Renaissance fondatrice, avec les œuvres de Tomas More, Francis Bacon ou Tommaso Campanella. Il parcourt les récits de voyage et les dialogues philosophiques (Les aventures de Télémaque, Candide) pour arriver à la science-fiction actuelle.

De multiples citations de l’écrivain Ugo Bellagamba, brillant spécialiste de l’utopie, éclairent le propos. A noter aussi une intéressante illustration de l’architecture utopique (Neuf-Brisach).

 

La dystopie, plus récente, est approchée de la même manière, historique et thématique. Toute la partie consacrée aux rapports entre l’individu et la société, entre autres la concrétisation de ces rapports dans le système communiste, est particulièrement passionnante. Annexe au dossier : « Utopie et dystopie : qu’en pense le cinoche ? » par Vincent Delrue, concise et bien illustrée, de Things to Come jusqu’à Hunger Games.

 

Le restant du numéro est plus factuel : critiques de livres, de BD, de jeux vidéo, reportages d’événements (les Oniriques, à Meyzieu, le Festival des Mondes de l’Imaginaire, à Montrouge) et interviews (Elodie Tirel, Christelle Dabos, Laurent Genefort, Ophélie Bruneau).

 

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N.B. : L’île des esclaves, de Marivaux, date de 1725, et non de 1825 (p. 15).

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