PariZ

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Z comme Zorro, comme série Z, comme Zorglub, comme Zombie. Si le X marque l’emplacement d’un trésor ou d’un passage secret, le Z désigne dans le divertissement moderne ces créatures peu ragoutantes, qui cheminent lentement sans s’arrêter, en grognant et en semant leurs lambeaux de chair putréfiée le long de routes désertes. On ne sait pas trop comment ni pourquoi ils sont apparus et ont proliféré jusqu’à devenir l’espèce dominante. Un virus, une expérience militaire qui a mal tourné. Peu de films, séries ou BD s’intéressent à la genèse de la pandémie. PariZ ne fait pas exception. On ne sait pas pourquoi et ce n’est pas important. Seule compte la survie.

Sans remonter jusqu’à ce bon George Romero, on peut prétendre sans se tromper que le zombie est toujours resté plus ou moins à la mode. S’il a parfois traversé des périodes un peu creuses, il a repris sa place de numéro 1 dans le bestiaire imaginaire, allant jusqu’à détrôner le vampire. Moins glam, moins romantique, davantage brutal et d’un fonctionnement primaire sans doute plus en adéquation avec notre époque, le zombie s’expose en BD, en cinéma, en série, en littérature. Il a parfois gagné en vélocité (World war Z) ou en profondeur (The Walking Dead), mais il reste avant tout ce décérébré obstiné qui n’a d’autre but que marcher et bâfrer de la viande crue.

La déferlante venue d’outre-Atlantique a ravagé nos côtes avec enthousiasme, et nombre de créateurs se sont amusés à transposer l’épidémie Z sur le sol de notre chère patrie. Il faut dire que l’époque n’incite pas à l’optimisme. Cinéma (La horde), bande dessinée (Zombies), jeux de plateau (Dead of Winter, Zombicide) ont ainsi trouvé une place de choix dans les rayonnages. Les éditions Critic, basées à Rennes et bien connues des amateurs de l’imaginaire, avaient proposé en 2014 Breizh of the dead de Julien Morgan. Puis en 2016, Karim Berrouka avait écrit un Club des punks contre l’apocalypse zombie (ActuSF) réussi et jubilatoire. J’étais donc curieux de voir ce que donnerait cette énième relecture du thème Z.

Rodolphe Casso, né en 1977, a écrit pour la presse musicale, de jeux vidéo et de cinéma et a monté plusieurs projets musicaux en tant qu’auteur-compositeur-interprète. Il signe là son premier roman. Premier constat : la couverture de Aurélien Police (qui a remporté le Grand prix de l’imaginaire en 2015 pour l’ensemble de son œuvre) est très réussie, originale et moderne.

Pariz, c’est un peu La traversée de Paris à la sauce post-apo. Le roman propose une galerie de personnages hauts en couleur sur les épaules desquels repose le récit. Des clodos terrés dans le métro veulent refaire leur stock de gnôle, à peine conscients de ce qui se passe à la surface. Une bande de fachos tendance cathos cherche à asseoir son coup d’état paramilitaire. Tout ce beau monde se rencontre, tisse une alliance contre-nature et traverse la capitale ravagée en s’efforçant de ne pas laisser de morceaux au passage. L’intrigue est simple, mais le récit cherche surtout à mettre en avant ces personnages pittoresques. L’écriture est fluide, le rythme enlevé, les dialogues incisifs. Le fond du roman est sombre et le pessimisme de l’auteur rejaillit sur les anti-héros qui nous servent de guides dans cette ville de cauchemar. Mais là où Le club des punks contre l’apocalypse zombie brillait par son insolence et son ton résolument anticonformiste, PariZ reste sage et n’offre pas de surprise. Le suspense ne prend pas vraiment, et si l’on reste curieux du devenir de La Goutte, de Gobe et de La Gâchette, si l’on salue leurs portraits très réussis, on ne tremble jamais pour eux. On reste quelque peu sur sa faim, malgré un dénouement courageux.

PariZ ne révolutionne donc pas le genre et ce n’était pas le but de l’auteur. Amoureux de Paris, Rodolphe Casso prend un plaisir évident à défigurer sa ville et à imaginer des personnages très éloignés des stéréotypes. Loin d’être inoubliable, PariZ est un roman sympathique, qui plaira aux amateurs de zombies mais peinera peut-être à toucher un public plus large. Rodolphe Casso prouve qu’il sait mener un récit simple et fait preuve d’une belle plume. Il laisse entrevoir de belles promesses et on peut affirmer sans se tromper qu’il est un auteur à suivre.

 

PariZ de Rodolphe Casso, Editions Critic, octobre 2016. 

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