Delirium T1
« Dans ce monde l’amour est interdit »
Distropie (encore une, c’est à la mode) d’un monde qui refuse la maladie d’amour, le amor deliria nervosa, qui impose une opération aux jeunes à leur 18eme anniversaire pour les lobotomiser et les rendre sans sentiment, sans passion.
L’héroïne a juste quelques mois de moins que les 18 ans fatidiques et elle se réjouit de cette opération-soulagement, car cette maladie l’a laissée orpheline, sa mère s’étant suicidée après 4 opérations ratées, animée par un amour fou pour son mari disparu.
Lena, ou Madgalena, est déjà une petite résistante, elle se soumet mais raisonne. Elle comprend vite que les valeurs de cette société autoritariste ne servent qu’à simplifier l’acceptation d’une chose inadmissible pour un humain : perdre son humanité, son empathie, mener une vie de règles, sans émotion.
Et puis, (sans surprise), elle découvre la liberté, la musique interdite, les mélanges garçons-filles dans des fêtes secrètes et en plus, les yeux ambrés d’Alex, qu’elle croit Invulnérable car il porte les cicatrices de son opération.
Et elle vit, elle choisit de vivre, de fuir. Mais tout ne se passe pas comme elle l’a pensé…
Pourquoi un tel succès avec les distropies ? Probablement parce que d’une part, elles autorisent l’expression de la révolte qui anime la majorité des futurs jeunes adultes en concentrant leurs revendications (à tort ou à raison) contre une société abusive et normative. Et que cette révolte est constructive. Probablement aussi parce que personne ne peut être d’accord avec le modèle de ces sociétés, comme ici ou comme dans Hunger Games et qu’on entre vite en symbiose avec les héros. Et enfin probablement aussi parce que cet héroïsme est à notre portée : chacun de nous peut être le « révolutionnaire » d’un monde meilleur.
Premier volume d’une trilogie, il installe les 2 personnages, Alex et Lena. Je regrette un peu que les personnages secondaires soient si peu développés, à l’exception de Hana. Le monde créé est surtout focalisé sur le « Protocole », l’épreuve de l’opération : on a peu d’éléments en dehors du principe de base : l’amour tue, tuons l’amour pour survivre.
Là je suis occupée avec la suite, c’est déjà fort différent.
Delirium tome 1 par Lauren Oliver, traduit par Alice Delarbre, illustré par Michael Frost, Hachette