Nouvelles peaux

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Et si tout devait recommencer? Un meurtrier reçoit des SMS d'outre-tombe, la mort s'invite en combinaison vinyle à une soirée lubrique, des momies philosophent sur les tombes, une fille muette hante une école abandonnée... Alors que le monde moderne pensait être débarrassé des hantises du XIXe siècle, d'étranges phénomènes perturbent à nouveau les quotidiens. Un homme prétend invoquer la peste, des étudiants en médecine mènent des expériences sur le magnétisme un téléphone ne veut plus s'arrêter de sonner,...

Du Chat noir au Corbeau, dix auteurs réinterprètent à leur façon les Histoires extraordinaires et autres nouvelles tirées de l’œuvre du maître du fantastique, Edgar Allan Poe. Il faudra affronter le surnaturel, l’invraisemblable et la folie, perdre tous ses repères, pour arriver au bout de l’horreur.

 

Avec l'anthologie Nouvelles Peaux, les éditions Luciférines ont invité 10 auteurs talentueux à revisiter l'univers d'Edgar Alan Poe. Exercice difficile s'il en est de pénétrer l'univers d'un tel monument de la littérature tout en conservant son identité littéraire. Cependant, la majorité des auteurs y arrivent parfaitement. Les principaux traits distillés par Poe au cours de sa carrière, à savoir le mystère, la folie et la peur, sont repris avec succès par cette jeune génération d'écrivains.

Le recueil s'ouvre sur « Insomniaque » de Jean-Pierre Favard, auteur dont les recueils et romans ont déjà reçu un bon accueil sur Phénix. Un habitué des lieux en quelque sorte. Cette nouvelle qui nous narre la rencontre nocturne pour le moins étrange d'un insomniaque est idéale pour débuter. L'auteur fait, comme à son habitude, preuve d'une grande maîtrise.

«  SMS » de Jean-Charles Flamion nous renvoie au classique appel d'outre-tombe mais par le biais d'un portable cette fois. Classique, certes, mais très efficace tant l'auteur maîtrise également son sujet.

Morgane Caussarieu reste fidèle à elle-même en nous entraînant dans le glauque absolu, tendance trash, avec son récit « Le masque de la mort lente » et sa plongée horrifique dans les premières heures des ravages du sida. Un texte violent mais pourtant très humain.

Pierre Brulhet prend la relève avec « La valise » et une bien mortelle croisière. Un texte surprenant non dénué d'humour.

S'enchainent ensuite d'autres textes tous aussi réussis : « Dédale » et sa ville très spéciale de Joëlle Cordier, « Il paraît que je suis fou » de Quentin Foureau qui met en scène la Bérénice chère à Poe, « Tous à la morgue » de Unity Eiden qui mêle peste et folie, l'autopsie made in Théo Gwuiver et son texte « Le point de non retour ».

Dans « Doppelgänger », John Steelwood revisite avec brio le thème du double. Un texte percutant, excellent, sans conteste le meilleur du recueil à mes yeux. Il est présélectionné pour le Prix Masterton 2015.

Le recueil s'achève sur « Jamais plus ! » de Bruno Pochesci et son clin d'œil personnel d'excellente facture au corbeau. Un auteur qui, à chacune de ses sorties, ne cesse de m'émerveiller.

Vous l'aurez compris, cette anthologie est une franche réussite. J'irai même jusqu'à dire qu'elle est indispensable pour tout amateur de Poe en particulier et de fantastique en général.

 

Nouvelles peaux, Éditions Luciférines, 10€, 9-782954-832852, 150 pages, illustrations intérieures de Nejma El Goumzili et illustration de couverture d’Hélène Bigot

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