Maison des derviches (La)

Auteur / Scénariste: 

J'ai découvert Ian McDonald il y a quelques années maintenant, avec Desolation Road, et je me souviens avoir été enthousiasmé par l'audace, l'inventivité et le ton plein d'humour de l'auteur, qui osait, osait et osait encore, que ce soit sur la forme (le style, génial, et une intrigue menée de façon plutôt originale) ou le fond (des idées à en revendre, un univers unique...). Je me souviens avoir été déçu, plus tard, à la lecture d’État de rêve, un recueil de nouvelles où se côtoyaient le bon et le moins bon – parfois enchanteur, parfois lénifiant.

 

La maison des derviches (dont la couverture, notons-le avant tout, est remarquablement réussie, donnant à la perfection le ton du livre en un seul clin d’œil) se situe à mi-chemin entre les deux. Du côté du style, celui-ci est irréprochable, élaboré et ingénieux, franchement agréable. Les phrases, les mots, les lignes et les pages se succèdent sur un rythme lent mais envoûtant pour vous ouvrir la porte d'un univers empli de douceur. Ian McDonald nous présente une Turquie du futur coincée entre ses traditions et l'avenir, déjà à ses portes et au-delà. A travers le destin d'une dizaine de personnages, nous en découvrons les problématiques, les espoirs, les enjeux.

 

C'est royalement écrit, oui. Le hic restant que... après 500 pages encore, je n'étais pas certain de savoir ce dont il s'agissait. Et même si le tout, à la fin, revêt une certaine cohérence, il reste une impression de lenteur diffuse, comme si une nappe de brouillard recouvrait les péripéties du livre pour mieux nous en éloigner. Je ne dis pas que je me suis ennuyé, loin de là même. L'auteur irlandais conserve toujours quelques idées bien délirantes et une remarquable habileté pour faire tenir l'ensemble debout. Ceci étant, il y a trop d'enrobage pour que l'humour fasse mouche, pour que l’incongruité des situations nous accroche et pour que l'on se prenne d'une réelle affection pour ses personnages. Toute l'audace de MacDonald a disparu sous une épaisse couche d'effets complexes et souvent inutiles. La maison des derviches me fait la sensation d'un voyage sous opium dans un pays lointain, remarquablement campé et dans lequel on a connu cet ennui hypnotique qui n'en est pas vraiment un, mais un pays où l'on n'est pas certain de vouloir revenir, dans le fond.

 

Est-ce à dire qu'il a vieilli ? Je ne pourrai pas vraiment l'affirmer, mais c'est l'impression que cela me donne, malgré tout. Un ouvrage à lire, cependant, pour ceux qui aiment les longues errances poétiques et interminables.

 

La maison des derviches par Ian McDonald chez Denoel

Type: 

Ajouter un commentaire