Madame B

Blanche Barjac exerce la profession de nettoyeuse. Cela consiste à faire disparaître toute trace sur un lieu de crime, jusqu'au cadavre qu'il convient de volatiliser afin qu'il ne soit jamais retrouvé. Discretion, rapidité, travail soigné, pas de questions : elle a appris sur le tas, par l'intermédiaire de son beau-père, un ponte dans le métier, et s'est rapidement fait un nom sur la place. Histoire d'assurer ses arrières, elle garde toujours précieusement une preuve de son nettoyage à l'encontre de son commanditaire.

Psychologiquement instable, elle cherche en elle tous les symptômes de la folie qui a emporté sa mère des années plus tôt. Elle est persuadée que le même maladie finira par l'avoir, aussi s'efforce-t-elle d'éliminer le maximum d'état d'âme pour résister dans son travail.

Alors qu'elle réalise une nouvelle mission pour un de ses clients préférés surnommé "le limier", elle retrouve dans les affaires à détruire un foulard ayant appartenu à sa mère. Peu après, le limier l'accuse d'avoir saboté son travail et ne souhaite plus être en relation avec elle. Ensuite, le corps qu'elle doit éliminer se retouve profané. Blanche Barjac réalise que quelqu'un cherche à l'évidence à lui nuire, à la rendre folle, à la discréditer auprès de ses employeurs. Pour retrouver le coupable, Blanche n'a plus qu'une possibilité : renouer avec ses anciens clients afin d'obtenir de l'aide... Ce qui ne sera pas sans conséquences pour elle...

Je suis admiratif de la façon dont Sandrine Destombes parvient à se renouveler à chaque roman. En nous présentant cette madame B, nettoyeuse de son état, elle avait le choix entre plusieurs possibilités ; soit en faire un Léon au féminin, soit écrire un roman policier de facture classique, éventuellement en le truffant d'humour noir. Le choix de son héroïne est malin : là où on s'attend à une femme en acier blindée, on découvre plutôt quelqu'un d'angoissé, de fragile, voire même un peu naïve dans le choix de ses "fréquentations" mais surtout de ses appels à l'aide. Cela ne la rend que plus humaine et plus crédible, et le contraste avec la froideur de certains de ses actes n'en est que plus saisissant.

Madame B est un bon thriller, bien écrit, solide qui se lit avec plaisir. Dévoré en à peine trois jours, c'est, de tous les romans que j'ai pu lire de l'auteure, indiscutablement celui que je préfère. Sandrine y dévoile une aisance pour l'intrigue d'autant plus redoutable qu'elle parait d'une simplicité extrême sur le papier, loin en réalité de ce qui va se passer. Si vous avez aimé ces précédents, vous ne pouvez que tomber sous le charme (mortel) de Blanche.

Mes remerciements aux éditions Hugo pour la confiance qu'ils m'ont témoignée.

Madame B - Sandrines Destombes - Editions Hugo Thriller - mars 2020, 19, 95 euros