Cantique pour Leibowitz (Un)

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 
Traducteur: 


Ce roman, devenu un classique mais qu’il est encore bon de relire, date de 1959 et traduit les craintes générales de guerre atomique. Il s’inspire aussi de l’histoire du Moyen-Âge et des temps modernes et nous raconte, en trois longues nouvelles, les étapes qui vont mener de la survie d’une partie de l’humanité à une première guerre nucléaire à la survenue d’une deuxième 1200 ans plus tard.

La première nous montre comment, comme ils l’ont fait au Moyen-Âge, les moines catholiques se sont attachés durant la longue période de chaos à la préservation des connaissances anciennes, en sauvant et en recopiant les rares manuscrits sauvés du désastre. Dans un monastère au fond du désert de l’Utah, dédié au martyr Isaac Edmund Leibowitz (faut-il y voir une allusion à un écrivain appelé Isaac ?), savant qui s’était réfugié auprès des moines et avait organisé un réseau de contrebandiers du savoir, un novice découvre, 600 ans après la Dévastation, un abri encore non pillé et des restes qui sont peut-être ceux de la femme du martyr et des écrits signés de lui. Et permet ainsi le procès en canonisation de celui-ci.

La seconde nous montre un savant des temps modernes, 200 ans plus tard, entreprenant le déchiffrement et la réutilisation des documents préservés, tandis qu’un tyran mène à bien la réunification du continent. Enfin la troisième montre le retour de Lucifer, c.à.d. de la guerre mondiale, et le départ de ceux qui seront peut-être les derniers survivants de la chrétienté vers une colonie centaurienne.

Il y a de nombreuses idées dans ce roman qui mériteraient une longue exégèse sur les rôles, multiples et contradictoires, de la foi et de l’Église catholique et les doutes des différents protagonistes tant sur leur propre foi que sur la résurgence, voire l’inévitabilité pour l’homme, du Mal. Chacune des trois novellas qui composent ce roman nous montre les réactions au temps nouveau et l’évolution psychologique d’un moine. L’apparition répétée d’un personnage immortel qui est, peut-être, le Juif Errant (c’est ainsi qu’il est présenté dans le second texte, où on l’appelle Benjamin Eléazar) est peut-être Lazare ressuscité qui attend, (en vain, semble-t-il), le retour du Christ. La toile de fond nous montre l’autodestruction de l’humanité comme inévitable du fait de certaines tendances profondes...

Des années plus tard, Walter M. Miller avait entrepris de compléter ce roman qui reste son unique œuvre majeure (avec quelques nouvelles parues dans le volume Humanité provisoire, dont je ne crois pas qu’il ait été réédité) dans L’héritage de Saint Leibowitz, roman achevé par Terry Bisson, qui vient de reparaître.

Un cantique pour Leibowitz, de Walter M. Miller Jr., traduction de Claude Saunier revue par Thomas Day, Folio SF n°85, 2013, 450 p., couverture d’Aurélien Police, ISBN 978-2-07-044930-9

Type: