Procès de la sorcière (Le)

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L’histoire de Robert McCammon pourrait presque bénéficier d’une adaptation romanesque ! Fin des années 80, il surfe avec un certain succès sur la vague de la nouvelle terreur initiée par King, Koontz ou encore Masterton. Il enchaîne alors des romans solides, originaux, qui revisitent avec brio les grands classiques : le loup-garou, les maisons hantées, la thématique post-apocalyptique, les morts-vivants… Le seul hic ? Le succès est au rendez-vous, mais pas au point de transformer McCammon en « marque de fabrique ». Ainsi, lorsqu’il présente à son éditeur Le Procès de la Sorcière, le couperet tombe. Pas assez fantastique, pas assez horrifique, pas assez… pas assez… McCammon lui par contre, en a assez ! Il claque la porte et disparaît quasi corps et âme durant deux ans. Il avouera, en interview, qu’écrire restait un plaisir… mais que le processus d’édition sous la houlette de publicitaires et de vendeurs de papier lui était devenu insupportable. L’auteur de L’Heure du Loup prend donc le temps du recul et se reconstruit lentement… jusqu’à ce qu’une « petite » maison d’édition lui propose de reprendre le collier… A ses conditions. McCammon hésite longtemps avant de franchir le pas.

Et on l’en remercie ! S’il avait vraiment lâché la rampe, nous aurions sans doute perdu un tout grand talent de la littérature de genre… Et ce Procès de la Sorcière (en fait la première partie d’une histoire intitulée Le Chant de l’Oiseau de Nuit) serait malheureusement resté au fond d’un tiroir.

Situé, en 1699, dans les contrées de Nouvelle Angleterre, le Procès de la Sorcière est un suspense historique de la meilleure veine qui plonge ses racines dans une époque troublée : celle de la chasse aux sorcières qui secouait alors une bonne partie de la Côte Est. Réceptacle de tous les fantasmes et de toutes les frustrations, les « sorcières » sont alors exécutées à tour de bras… C’est au cœur de cette atmosphère de fondamentalisme religieux – particulièrement bien rendue par un McCammon en pleine possession de ses moyens… - que débarque le juge itinérant Isaac Woodward et son jeune clerc Matthew Corbett. La jeune Rachel est-elle réellement une sorcière ? Ou le meurtre dont on l’accuse cache-t-il d’autres secrets plus troubles dans la petite ville de Fount Royal ? Poser la question, c’est déjà y répondre et le jeune clerc va devoir démêler les fils d’une intrigue subtile, tout en découvrant son propre caractère.

Et Robert McCammon de prouver qu’un bon auteur reste un bon auteur quel que soit le domaine qu’il aborde ! On ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour les crétins obsédés par leurs chiffres de vente qui refusèrent ce manuscrit à l’orée du 21ième siècle… Et on se replonge avec plaisir dans une histoire dense, intelligente, bien écrite, qui laisse aux personnages le temps d’évoluer et de devenir de véritables compagnons d’aventure pour le lecteur. Que ce Procès se déroule en outre dans un décor peu usité renforce encore l’impression d’avoir affaire à un roman frais et original… même si l’atmosphère et les noirceurs morales qui y règnent vous fileront sans doute, de temps à autre, un petit frisson d’angoisse.

Au rayon des bonnes surprises également, le fait que McCammon ait publié un second tome des aventures de son clerc (Queen of Bedlam) et prépare activement le troisième volume ! Heureux retour donc !

Robert McCammon, Le Procès de la Sorcière, Illustration : FBDO, Traduction : Benoit Domis, 458 p., Bragelonne

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Commentaires

un grand merci pour le proces de la sorciere
apres l’heure du loup,soif de sang,scorpion
c’est toujours un plaisir de vous lire
un grand merci.