Les manifestations diaboliques

Il fut un temps, avec un tel sujet, j’aurais probablement risqué le bûcher. Bon ce n’est pas que l’obscurantisme soit totalement terrassé, mais tant pis, j’assume et j’y vais.


En tant que manifestation du diable, en 1967, Ira Levin frappait fort avec son roman « Un bébé pour Rosemary » , l’histoire d’un jeune couple dont la femme est enceinte et qui emménage dans un curieux immeuble. Tous les ingrédients d’une bonne ambiance diabolique sont réunis : mauvaise réputation dont jouit l’immeuble, existence de voisins curieux aux yeux bizarres ; oui, tout cela ne peut qu’amener de justes frissons.

On peut également ajouter une jeune fille qui se jette par la fenêtre, et une étrange odeur qui règne dans l’appartement.

On retrouve là une ambiance chère à Roman Polanski qui devait commettre « Le locataire » quelques années plus tard.


Eh bien, justement, il a tiré un film de ce roman dès l’année suivante. Et « Rosemary’s baby  » a repris en 1968 la relève du mythe du fils du diable. Un film culte comme il se doit, mais qui ne doit pas pour autant faire oublier le roman.

À l’automne 1974, nous ne savions pas ce qui allait nous tomber sur la tête. Il y a eu bien sûr les effets du premier choc pétrolier de 1973 et le début de la crise économique mondiale ; la rupture avec les trente années glorieuses qui avaient suivi la fin de la seconde guerre mondiale.


Mais il y a peut-être eu, surtout et avant tout, le film de William Friedkin, « L’exorciste ». Ce terme était sans doute alors inconnu du grand public, mais par la suite, tout le monde devait savoir de quoi il s’agissait, après avoir vu Linda Blair, époustouflante dans le rôle de la jeune Rejan, tourner sa tête à 360°. Bon, il y a évidemment quelques excès dans ce film. Ainsi, je me souviens d’avoir entendu quelques spectateurs à sa sortie en salle, s’esclaffer, lorsque toujours Linda Blair, propulse une bouillie verdâtre sur le pauvre exorciste. Mais ça, en matière de fantastique, les USA qui sont incontestablement les champions du monde de production de nanars, ont toujours un peu de mal à bien doser. Enfin quoi qu’il en soit, ce film reste une réalisation culte.

Quant à la suite qui en a été faite, il vaut mieux ne pas en parler, et rester sur le goût de la production de 1974, en fait réalisée en 1973 aux USA.


Et vint en 1979 le film de Suart Rosenberg, « Amityville, la maison du diable ». Tout est réuni pour faire frémir. Un jeune homme qui assassine tout le monde dans la maison au cours d’une nuit, et quelques années plus tard, une paisible petite famille qui vient emménager. Évidemment, ces nouveaux occupants ne sont pas les bienvenus dans une maison marquée par un drame, et elle va bientôt leur faire savoir jusqu’à les chasser.

Ce thème de la mémoire des lieux est assez récurrent, mais bien traité comme c’est le cas ici, il permet de passer un moment d’angoisse assez dosée dans les salles obscures.

Et nous arrivons à Robert Johnson, bluesman du Mississipi des années 20/30. Que vient-il faire dans les littératures de l’imaginaire allez-vous bien sûr me demander ? Eh bien, c’est que Robert Johnson prétendait qu’il avait rencontré le diable au « carrefour », et que celui-ci lui avait donné le don de chanter et de jouer de la guitare comme un virtuose, ce qui allait lui permettre de devenir célèbre. Ce fut le cas, et c’est ce qu’il raconte dans sa chanson « Crossroad blues ». Bien, sûr, rien n’a permis de vérifier ses dires, mais toujours est-il qu’il a mêlé le diable à pas mal de ses autres chansons, alors…


Le diable se manifeste-t-il parfois ou est-ce un fantasme ? L’Histoire nous a montré que s’il n’apparaissait pas forcément sous l’aspect d’une créature cornue et fourchue, il s’était dévoilé à plusieurs reprises. Et puisque nous parlions de Roman Polanski, qui a donc poussé Charles Manson et sa bande à aller massacrer Sharon Tate son épouse, et tous ses amis ?
« Sympathy for the devil », chantaient les Rolling Stones en 1969...hum, à voir !

Sur ce thème :

- « Un bébé pour Rosemary » par Ira Levin - 1967 - J’ai Lu.

- Le DVD du film « Rosemary’s baby » de Roman Polanski - 1968.

- Le DVD du film « L’exorciste » de William Friedkin - 1973, sortie en France en 1974.

- Le DVD du film « Amityville, la maison du diable » de Stuart Rosenberg - 1979.

- le CD « The complete recordings » de Robert Johnson.

Janvier 2007

Commentaires

bonjour,
rosemary’s baby est, à mon sens, un excellent film, en ce qu’il reste ambigu jusqu’à la fin ; la présence du fils de satan n’a rien d’évidente, et tout repose justement sur cette question.
pour "l’exorciste", je n’ai lu le livre que récemment, mais quelle puissance ! tout au long de l’histoire, quelle ambiance ! là encore, la solution fantastique n’est pas privilégiée immédiatement, et une grosse partie du roman repose sur la recherche de solutions physiques ou psychologiques, pas fantastiques.
Quant à Amytiville, il n’atteint pas les sommets de "la maison du diable" (1963), 1er film (en N&B) portant sur le sujet des maisons hantés, et ô combien pillé par la suite.
Enfin, sur le blues et le diable, il y a le (moyen) film "crossroads" (http://poll.imdb.com/title/tt0090888/) de 1986, on l’on retrouve le guitariste steve vai, et où un adolescent part chercher les origines du blues. Plus près de nous, il y a eu Constantine, avec Keanu Reeves, très explicite sur la présence du mal. et de nombreux autres, où il est davantage implicite (comme dans usual suspects par exemple). et entre les 2, à peu près tous les films sur les serial killers...