Syndrome Copernic (Le)

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Dans le « genre », Henri Loevenbruck est connu comme le loup blanc… ou presque ! Aux origines de Science-fiction Magazine, rare essai de maga généraliste sur le sujet vendu en kiosque, puis auteur à succès de deux sagas de fantasy chez Bragelonne – autre aventure littéraire française à la réussite certaine – il lui restait finalement à passer les feux de la rampe, pour que son exposition médiatique soit enfin en adéquation avec ses chiffres de vente. Les grandes manœuvres commencées l’année dernière avec Le Testament des Siècles, se poursuit en 2007 avec Le Syndrome Copernic, aventure aux fragrances de Philip K. Dick policé.

Paris. La Défense. Dans un remake à peine déguisé du 11 septembre, une des tours de ce complexe de béton et de verre s’écroule, frappée de l’intérieur par un attentat. Vigo Ravel, seul survivant semble-t-il, réalise peu à peu qu’il a peut-être quelque chose à voir dans toute cette histoire. Schizophrène, selon les médecins, Vigo a pourtant l’impression de vraiment entendre les pensées des autres… Et rien ne s’arrange lorsque des questions de plus en plus pressantes l’assaillent concernant son passé, ses parents, son boulot… Et la réalité dans laquelle il pense vivre depuis plus de dix ans. La goutte qui fait déborder le vase ? Un message, laconique, qui lui assure qu’il n’a jamais été schizo !

Henri Loevenbruck connait bien ses classiques. Et l’histoire de l’homme traqué qui ne sait plus qui il est, voire s’il existe vraiment, fait partie des thèmes ultra-codés abordés par la science-fiction depuis des décennies. En excellent disciple de Philip K. Dick - un auteur à redécouvrir pour comprendre qu’il n’est pas uniquement un réservoir aisé pour studios américains en mal de reconnaissance littéraire – l’auteur du Testament des Siècles prend un malin plaisir à retirer le tapis de sous nos pieds à chaque fois que la situation semble enfin, se clarifier. Questionnement perpétuel… Qui va même jusqu’à gâcher un rien le plaisir de lecture lorsqu’en amateur éclairé, on ne peut s’empêcher de penser : « Bon, cette fois, ça y est, on a compris, en avant… Filons vers la résolution de l’énigme… ». Mais, je le disais plus haut, nous avons affaire ici à une variante policée des délires dickiens. Une tare ? Non, un choix logique puisque l’on imagine qu’en écrivain éclairé, Henri Loevenbruck compte bien, avec ce deuxième thriller, élargir la base de son lectorat et les mener peu à peu sur des territoires inédits pour le lecteur lambda.

Sauf qu’à force de trop vouloir retenir son imaginaire, l’auteur nous emmène finalement sur des chemins ultra-balisés, où aucun amoureux du genre, ne sera jamais surpris.

Reste tout de même à parler de l’écriture… Car si il est un domaine où Henri Loevenbruck s’éloigne clairement des canons du thriller, c’est dans la forme. Loin du style parfois un peu sec, voire scénaristique d’un Maxime Chattam ou d’un Jean-Christophe Grangé, l’auteur, qui s’est forgé une patte dans le monde de la fantasy, ne l’oublions pas, sait flatter l’œil avec des tournures de phrases subtiles, des métaphores bien choisies et un vrai sens de la poésie. C’est assez rare dans un genre ou parfois, les auteurs rédigent avec un œil sur l’espérée adaptation cinématographique et en oublient d’être… des écrivains !

Le syndrome Copernic, Henri Loevenbruck, Flammarion.

Un site internet est consacré au livre et à ses mystères : hacktiviste

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