Moïra (La)

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Dès les premières lignes, nous sommes aussitôt plongés dans les aventures d’Aléa, une orpheline de treize ans et d’Imala, une jeune louve blanche, sur le territoire énigmatique qu’est l’île de Gaelia. Tandis qu’Imala met au monde sa première portée et est rejetée par la femelle dominante de son clan, Aléa vit de menus larcins dans la bourgade de Sarratea du comté de Sarre. Deux destins croisés dont le lien les unissant ne sera connu qu’au tout dernier moment.

La quête d’Aléa débute dans la lande lorsqu’elle découvre le cadavre du dernier Samildanach, un druide très puissant. A partir de cet instant, le grand jeu du destin, la Moïra, rattrape la jeune fille. Du jour au lendemain, elle se retrouve dans la lumière, fuyant druides et dirigeants ambitieux lancés à ses trousses. L’île tout entière de Gaelia semble vouloir la retrouver morte ou vive alors qu’elle essayait enfin de prendre sa vie en main en travaillant dans l’auberge où un couple sans enfant avait bien voulu lui laisser sa chance.

La vie des habitants de Gaelia est devenue difficile au fil des décennies, et tous sont convaincus qu’un changement est nécessaire. Aléa représente la lueur d’espoir à l’heure où des guerres fratricides se profilent à l’horizon, opposant à nouveau les Harcourtois et les Galatiens.

Aidée de Faith, la barde, Phelim, le druide et Galad son magistel, ainsi que de Mjolln, le nain cornemuseur, Aléa se dirigera vers Providence, la capitale de la Galatie, le comté situé au Nord-Est, pour retrouver Amine son amie d’enfance qui est sur le point d’épouser le Roi. Mais leurs plans sont contrecarrés par la venue de Sulthor, le prince des Herilims, qui est à leur recherche, mandaté par Maolmòrdha, le druide renégat bien décidé à prendre le contrôle de l’île et à supprimer le Saîman.

La route de la jeune Samildanach sera déviée par sa rencontre avec les silves, les habitants mythiques de la forêt. Aléa, finalement résignée à ne pas aller à Providence, ira à Mont-Tombe, dans le comté de Harcourt, où est gardée l’Encyclopédie d’Anali. Dans ce livre, elle espère découvrir les secrets de son existence et son rôle dans le renouveau de Gaelia. Mais cette partie de l’île est sous la coupe du comte Feren Al’Roeg et de Thomas Aeditus, un évêque prêt à tout pour supprimer l’hégémonie des druides et convertir la Gaelia tout entière.

Aléa rencontrera nombres de gaeliens prêts à se battre pour leur terre et leur avenir ainsi que les Tuathanns, un peuple de guerriers sortis du Sid, le monde du dessous, hors du temps. Ceux-ci attendaient leur heure pour reconquérir la terre de leurs ancêtres qui leur avaient été arrachée par les émigrants venant de Britta.

De son côté, Galatie est la proie de l’ambition démesurée de sa nouvelle reine Amine, qui contribuera à la chute de ce comté.

Au prix de nombreux sacrifices, Aléa accomplira son destin, mesurant toute l’importance à la fois de l’amour et de l’amitié.

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Un style clair, précis et efficace, qui ne s’encombre pas de longues descriptions ce qui n’empêche pas de se faire une belle idée de l’environnement et des personnages. Le talent de conteur de Lœvenbruck sert l’action à n’en pas douter.

Sans doute adapté à un lectorat plutôt adolescent, il n’en reste pas moins un bon divertissement qui dépayse, un peu, mais pas tant que cela et l’on se demande, tout au long du roman, quelle île terrestre peut bien abriter un tel pays, car il n’est pas un secret qu’au delà de l’océan, d’autres contrées existent, et rien que cela laisse libre court à notre imagination. Je dirais même qu’on a l’impression d’avoir vécu les derniers instants des âges du chaos avant notre ère.

Pourtant la violence de certaines scènes au fil des tomes est à la limite du soutenable. Et les actes d’Alea et d’Erwan nous feraient presque oublier que ce sont encore des enfants… d’un autre monde et d’une autre époque.

Un livre où tous les ingrédients de l’aventure initiatique sont présents. On pourrait presque croire qu’il s’agit d’un livre pour ados. L’aventure présentée dans cet ouvrage est juste un brin naïve. Parcourue d’idéaux louables où l’amitié tient une place importante et même centrale. C’est elle qui motive finalement Aléa. Des thèmes résolument francophones.

Henri Lœvenbruck, La Moïra, Illustration : Stéphane Collignon, 792 p., Ed. Bragelonne

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