Liavek

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Ce livre est assez particulier, puisqu’il s’agit de présenter une histoire qui s’inscrit à l’intérieur d’une série ou, plutôt, d’un univers partagé, ce qui n’est pas la même chose. En science-fiction ou en fantasy, il y a deux sortes d’univers partagés : en France, on ne connait que la première sorte, celle qui part d’une œuvre d’un certain auteur que l’auteur a ouverte à l’écriture d’autres écrivains,

- professionnels, dans certains univers partagés comme celui des Heroes in Hell, dont les nouvelles et romans se situent dans le cadre de l’Enfer des Légions de l’Enfer de Carolyn J. Cherryh

- professionnels débutants dans le cas des Amis de Ténébreuse et des anthologies que Marion Zimmer Bradley a fait paraître pendant les quelques années où elle a autorisé d’autres auteurs à intégrer sa série

- ou totalement amateurs, mais on parle alors de fan-fictions, et elles sont rarement publiées en volumes.

La deuxième sorte, qui connaît les mêmes sous-types, est celle dans laquelle l’univers (le monde) de référence a été créé dès le départ uniquement pour permettre l’écriture d’histoires plus ou moins liées. Un exemple important de cette seconde sorte, à laquelle appartient Liavek, est la longue série des volumes portant sur le « Monde des voleurs », Thieve’s world, créé et géré à partir de 1978 par Robert Lynn Asprin. Il s’agit d’histoires situées dans la cité imaginaire de Sanctuary, cité créée par des révoltés de l’Empire rankan et qui défend son indépendance et son anarchie contre les empires qui la cernent. Comme Liavek, cité analogie créée quelques années plus tard pour un autre univers partagé, Sanctuary est au bord de la mer. Aux personnages imaginés dès le départ par Asprin s’ajoutent de nouveaux personnages que le nouvel auteur va faire évoluer dans l’univers. Chaque auteur peut utiliser les personnages des autres, à la seule condition de ne leur faire subir aucun accident irrémédiable (mort ou mutilation).

Je ne sais pas si la règle est la même dans Liavek, mais j’ai eu l’impression que la signature des créateurs accompagnait l’apparition, dans les épisodes de ce roman extrait de l’univers, de leurs personnages...

L’introduction du volume présente donc, rapidement, le cadre de Liavek et explique l’intérêt des univers partagés même si, apparemment, les louanges et regrets exprimés par l’auteur de l’introduction devraient être multiplié(e)s pour Thieves’world qui a connu 12 volumes d’anthologie et plusieurs romans publiés hors série, mais parfois avec la référence à l’univers. Et qui, comme Liavek pour Megan Lindholm, a vu paraître en un volume les aventures de l’héroïne créée par Marion Zimmer Bradley, le mage Lythande (ceux qui connaissent le personnage savent pourquoi je suis obligé d’employer le masculin). Je dois dire que ma première réaction après la publication de ce livre est le regret de la non-traduction de ce volume des œuvres de MZB...

Un deuxième regret est celui de ne pas connaître les autres facettes de l’histoire de Liavek.
Tout ce que j’en sais pour l’instant est ce qui transparaît dans la suite des aventures lue sur la page Wikipedia consacrée à cet univers.

Mais voici ce qu’il faut savoir pour rentrer dans l’histoire : Liavek est un port, indépendant des royaumes qui l’entourent. Les habitants ont une fois par an, le jour de leur anniversaire, la possibilité de mettre de côté leur chance à l’intérieur d’un objet qui deviendra alors un talisman magique. Certains deviennent alors magiciens professionnels, d’autres se servent de façon occasionnelle de cette réserve de chance, mais mènent une vie « normale ».

Et puis il y a ceux qui ont perdu leurs pouvoirs parce que leur fétiche a été volé ou détruit. Si cela s’est produit au plus mauvais moment, à l’opposé de leur anniversaire, ils ne peuvent même plus redevenir magiciens. C’est ce qui est arrivé au comte Dashif, personnage de la première histoire du volume et, nous le verrons, personnage important de la suite, de la vie de Kaloo. Kaloo, elle, a un grave problème : enfant trouvée, elle ne connaît pas la date de son anniversaire et risque donc de ne jamais pouvoir utiliser sa part de chance. Comment elle résoudra son problème et elle mènera sa vie, tel est le sujet des nouvelles de Megan Lindholm que je vous laisse apprécier...

Savoir aussi, pour apprécier l’univers et ses histoires, que le calendrier de Liavek est adapté du calendrier républicain français : 12 mois de 30 jours appelés respectivement Neige, Pluie, Vent, Bourgeons, Fleurs, Champs, Cueillette, Chaleur, Fruit, Vin, Brouillard et Gelée. L’année commence au solstice d’hiver par 5 journées de festival (6 chaque quatrième année). Et chaque mois est divisé en six semaines de cinq jours, Soleil, Lune, Vent, Pluie et Chance.

Ce livre, et ma quête sur Wikipedia, me font attendre l’occasion d’en savoir plus sur Liavek, comme j’ai apprécié il y a quelques temps (mais en version originale puisque rien n’est traduit) les épisodes de la vie de Sanctuary (Thieves’ world) ou ceux des Heroes in Hell...

Liavek, par Megan Lindholm, avec interventions de Steven Brust et de Gregory Frost, traduit par Jacqueline Callier, Actu SF, Perles de l’épice, 2014, 282p., couverture d’Yana Moskaluk, 19€, ISBN 978-2-9178689-60-8

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