Fils unique

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Inspiré d’une histoire vraie, ce nouveau roman de Jack Ketchum se dévore d’une traite. On retrouve dans ces pages le style percutant de cet auteur au sujet duquel Stephen King ne tarit par d’éloges. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Ketchum n’emploie pas deux mots là où un seul suffit : le coup de poing plutôt que les arabesques ! Et une grande attention portée à la qualité des dialogues, qui aident grandement à conférer du punch à l’ensemble du récit.

Ketchum commence sa narration en nous résumant en quelques pages la vie des deux protagonistes centraux, jusqu’au moment fatidique de leur rencontre. Arthur Danse connaît des débuts pour le moins tourmentés entre les mains de sa mère, qui expliqueront beaucoup de choses quant à son comportement futur, comme on pourra l’apprendre ultérieurement. Jeune homme à problèmes, il parvient toutefois à devenir propriétaire d’un bar, ce qui lui apporte d’une aisance financière non négligeable. Lydia, qui deviendra madame Danse, connaît quelques déboires sentimentaux avant de faire la connaissance d’Arthur, qu’elle ne tarde pas à épouser. De leur union naît rapidement un enfant, Robert, et la famille coule des jours heureux, harmonieux, qui ne semblent pas devoir s’arrêter.

Pourtant, ce bel équilibre va progressivement se rompre, à mesure que les troubles psychologiques d’Arthur vont refaire surface. Convaincu du caractère irrémédiablement sombre de la vie ici bas, il va se faire un devoir d’inculquer la leçon à sa femme et à son fils, en infligeant à répétition des sévices physiques à la première, en profitant sexuellement du second. Quand Lydia prend conscience du fait que son mari sodomise régulièrement Robert, elle engage un combat juridique avec lui afin de lui faire retirer la garde de l’enfant.

Mais elle va progressivement découvrir qu’Arthur sait tirer profit des failles du système judiciaire pour parvenir à ses fins. Les forces de l’ordre, dont le rôle devrait pourtant consister à protéger Robert des assauts de son père, incapables de prouver (ou de se convaincre de) sa culpabilité en la matière, vont objectivement jeter cet innocent entre les pattes de ce prédateur… qui pourrait bien être d’ailleurs derrière la vague de crimes affreux qui ensanglantent les environs de cette petite bourgade du New Hampshire !

Tout au long de ce roman, qui n’est malheureusement pas qu’une œuvre de fiction, Jack Kecthum fait montre d’une extrême subtilité dans l’analyse qu’il mène des différents profils psychologiques ici présents. Les choses ne sont jamais aussi simples qu’on aimerait pouvoir le croire, certains tardant grandement à prendre conscience des tendances homicides de leurs proches, d’autres agissant d’horrible manière suite aux sévices qu’ils ont eux-mêmes connus.

Et comme toujours, les innocent payent l’addition de leur chair - ce sont eux qui subissent les psychoses des uns, l’aveuglement des autres, l’indifférence de ceux qui restent.

Jack Ketchum, Fils unique, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Benoît Domis, photo de couverture de Piotr Kozikowski, 329 p., Bragelonne

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