Sandman Slim

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Le retour de l’enfant prodige

Richard Kadrey émergea lors de la vague cyberpunk qui lui permit de publier un livre remarqué, Métrophage (dans la défunte collection Présence du Futur, numéro 491). Scénariste télé, l’auteur y faisait preuve d’un certain métier en s’inscrivant dans le sillage de William Gibson et de Bruce Sterling – Métrophage empruntait d’ailleurs beaucoup aux Mailles du réseau de ce dernier (également publié dans la collection Présence du futur, numéros 508 et 509). Vingt-cinq ans plus tard, notre auteur s’est reconverti dans le fantastique avec Sandman Slim.


La vengeance est un plat qui se mange chaud

James Stark est un jeune magicien qui, à la suite d’un traquenard monté par des collègues jaloux, s’est retrouvé piégé en enfer où, après avoir goûté les délices de nombre de soirées démoniaques, il est devenu un tueur à la solde d’Azazel, un des démons préférés de Lucifer. Stark a tout connu de l’enfer et s’était résigné à sa condition, tant qu’il n’arrivait rien à sa compagne restée sur Terre. Lorsqu’elle est assassinée, Stark devient violent, tue Azazel et lui dérobe une clef qui lui donne la possibilité de passer entre les mondes.

De retour sur Terre, il commence par détrousser un riche passant et vole sa voiture. Il déboule ensuite chez un de ses anciens amis, Kasabian, mais ce dernier ne sait pas grand-chose, même une fois que Stark lui a coupé la tête - un de ses sortilèges favoris, garder la tête en vie… Il reprend contact avec son ami Vidocq (oui, c’est bien LE Vidocq que nous connaissons) et réalise que sa vengeance sera plus compliquée que prévue. Car ciel comme enfer se préparent à une guerre, en pleines fêtes de fin d’année et sans que le populo ne se doute de quoique ce soit…

De l’efficacité de la littérature de genre

Ecrit au présent, la narration de Sandman Slim est rapide - et non chapitrée, ce qui accroit l’impression de vitesse -, sans fioritures, très visuelle (un héritage des années télé de l’auteur ?). De plus, l’histoire dans son ensemble est maîtrisée, logique dans sa construction et d’un humour noir bienvenu. Stark, plutôt du genre à d’abord foncer et à réfléchir ensuite, est heureusement doté d’un acolyte qui réfléchit pour deux (Vidocq), sans compter Allegra, ex-employée de Kasabian qui se retrouve plongée dans la magie du jour au lendemain, sans trop se poser de questions. Les confrontations avec le camp du bien, menées par l’ange Aelita, sont d’ailleurs assez savoureuses, le cynisme de Stark étant peu goûté au paradis…

Ici pas de fioritures psychologiques, plutôt un délire foutraque de bon aloi qui s’assume comme tel. On a parfois l’impression d’être devant un western spaghetti - Kadrey cite d’ailleurs expressément Sergio Leone. Sandman Slim, premier volume d’une série qui s’annonce plutôt réussie, est la preuve que, pour se détendre, rien ne vaut un roman sans prétention, efficace, carré dans sa structure. Recommandé après un Goncourt prétentieux…

Sandman Slim par Richard Kadrey, traduit de l’américain par Jean-Pierre Pugi, Denoël collection Lunes d’encre, février 2013, 370 pages, 23 €

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