Jours de glace

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Woodfoll, petite ville du grand Nord canadien. On n'y fait pas grand chose dans cet univers glacé. Louise Grynspan, surnommée Lou, shérif de la ville, une ancienne profileuse de la police du Québec, est venue presque s’enterrer là pour renaître après des déboires familiaux et sentimentaux. Alors qu’elle est invitée par les autorités locales à découvrir le nouveau pénitencier très haute sécurité installé en bordure de ville, une tempête sans précédent balaie Woodfoll durant quelques heures. Lorsqu’enfin le calme revient, c’est pour découvrir que durant quelques minutes, le système de surveillance de la prison a été déconnecté, et que quatre frères, de dangereux criminels sociopathes, se sont échappés en massacrant leurs gardiens et qu’ils se baladent dans la nature.

En même temps, Lou Gryspan doit enquêter sur la mort d’une jeune fille indienne retrouvée sauvagement mutilée dans la forêt. Dans cette région où la population indienne estime avoir été spoliée par les Blancs, et où la localisation même de la prison est remise en question, la tension atteint rapidement son paroxysme…

Je n’avais jamais encore eu l’occasion d’ouvrir un roman de Maud Tabachnik. Je connaissais l’auteur de nom et de réputation ; j’ai eu l’occasion de la croiser sur des salons, mais jamais je ne m’étais plongé dans ses pages. Voilà une erreur réparée  avec ce Jours de glace paru aux éditions City. Un thriller effectivement glacial. D’emblée, la situation est posée, l’auteure ne s’embarrasse pas de chapitres superflus pour planter le décor. Rappelant par certains aspects le film de Taylor Sheridan, Wind River, il met en exergue les difficultés de communication entre Indiens et Canadiens, leurs façons très différentes de gérer les problèmes, et cette impression constante d’incompréhension presque volontaire. Cette partie du roman est à mon sens la plus réussie. En particulier, les deux policiers Oka et Temiscouata, et surtout le chef Istinak Shaw, sont formidables de justesse.

Inversement, le roman n’est pas totalement dénué de petits travers : d’abord, l’héroïne, Lou Gryspan. Intéressante à plus d’un titre, j’avoue ne pas avoir compris l’intérêt d’en faire une ex-profileuse, j’ai parfois l’impression que cette profession devient une condition sine qua non du thriller. D’autant qu’à la suite de l’histoire, on ne peut pas dire qu’elle use particulièrement de ses talents. Comme nous sommes au Canada, nous avons également droit à un certain nombre d’expressions locales, assez amusantes mais pas franchement indispensables.

Les chapitres qui se succèdent rapidement, alternent  le point de vue du shérif, Lou s’exprimant alors au présent et à la première personne, avec ceux des autres protagonistes, à la troisième personne et au passé. J’avoue que cela peut paraître parfois déboussolant et peut casser le rythme. Par ailleurs, j’ai eu parfois du mal avec certaines phrases très longues et des répétitions qui auraient mérité d’être supprimées. Quelques considérations ou digressions m’ont également laissé perplexe, en particulier sur la politique et l’immigration…

Au final, Jours de glace est un petit thriller agréable à lire, sans doute pas aussi terrifiant et additif que j’aurais pu l’espérer, en particulier en ce qui concerne la traque des quatre frères meurtriers que j'aurais préférée plus longue, peut-être plus dure voire sanglante. Ce n'était sans doute pas le propos du roman. Mais la description de l’univers des Premières Nations sonne très juste. Et surtout, il m’a permis de découvrir celui de l’auteure, dans lequel je n’exclus pas à l’avenir de retourner.

Je remercie vivement CityEditions pour leur confiance

Jours de glace - Maud Tabachnik - CityEditions - Septembre 2019, 19,50 €

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