Je t’aime

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Rien n’est plus proche de l’amour que la haine.

Après un divorce difficile, Maude rencontre le grand amour en la personne de Simon. Un homme dont la fille, Alice, lui mène hélas une guerre au quotidien. Lorsque Maude découvre l’adolescente en train de fumer du cannabis dans sa chambre, celle-ci la supplie de ne rien dire à son père et jure de ne jamais recommencer. Maude hésite, mais voit là l’occasion de tisser un lien avec elle et d’apaiser les tensions au sein de sa famille recomposée.

Six mois plus tard, Alice fume toujours en cachette et son addiction provoque un accident mortel. Maude devient malgré elle sa complice et fait en sorte que Simon n’apprenne pas qu’elle était au courant. Mais toute à sa crainte de le décevoir, elle est loin d’imaginer les effets destructeurs de son petit mensonge par omission...

 

Allez zou ! Comme à chacune de mes chroniques, cartes sur table ! J’ai croisé Barbara Abel plus d’une fois dans ma vie de chroniqueur et d’écrivain et, à chaque fois, c’est un vrai plaisir. La damoiselle est à la fois charmante, drôle, cultivée, toujours bien habillée et bien coiffée, elle sent bon et, qui plus est, elle sait se tenir en société. Au-delà de cet attachement tout à fait défendable au personnage, je vous rassure tout de suite : si elle enchaînait les romans médiocres, les métaphores boiteuses et les histoires inutilement ampoulées pour « faire genre » lors de ses passages sur la Première (la radio belge des gens comme il faut, je précise pour les lecteurs français pas toujours au courant que certains pays hors de l’hexagone ont une vie culturelle et médiatique…) j’aurais cessé, depuis longtemps, de parler de ses écrits. Je suis comme ça. Il y a vingt-quatre heures dans une journée et je ne vais pas perdre du temps, de l’énergie, de l’électricité, des Ko, pour parler de romans que je n’aime pas. Sauf que cette diablesse de Barbara parvient encore à me surprendre, moi qui suis à la lecture des thrillers ce que le Père Noël est à l’élevage des elfes : plutôt féru. Je les vois venir de loin, les vendeurs de suspense en conserve et les marchands de tapis couvert de poussière de clichés. Je suis à l’affût du dérapage et des personnages en carton.

Avec Je t’aime, heureusement, les personnages ont de l’épaisseur, le récit est classique mais soutenu et surtout les clichés en prennent un peu pour leur grade. C’est d’ailleurs très amusant comment l’Abel tricotte tranquillement un pull en jacquard… pour ensuite nous la jouer magicien des mots et paf ! nous le transformer en sweat-shirt à capuche ! Vous me suivez ? Autrement dit, au fil des quatre cents et quelques pages de Je t’aime, le lecteur, même le plus aguerri, sera quelques fois surpris. Et merci madame ! Parce que ça fait du bien. Pour une fois on ne se coltine pas la petite nièce disparue qui revient déguisée en homme, la mère courage qui s’avère être une patineuse artistique ancienne du MOSSAD ou le chroniqueur radio qui n’en peut plus d’avoir envie de fesser sa légitime dans un hôtel de passe. Non, Barbara (tu permets que je t’appelles Barbara ?) déroule une histoire que l’on pourrait retrouver entre les pages d’un de nos quotidiens. Un accident. Deux morts. Un jeune adulte. Un enfant. Et vogue la galère des conséquences d’un événement aussi simple sur la vie de toute une famille.

Pas question pour moi de vous dévoiler le reste. Ça serait bête et méchant. Parce que tout le sel du roman réside dans cette analyse, fine, de la façon dont l’esprit humain peut réagir face à l’indicible. Mais aussi comment se définissent les lignes de forces, les frontières, les interprétation de l’amour. Ou plutôt des amours. Parce que, Barbara Abel l’a compris et nous l’offre sous les couvertures d’un roman, Je t’aime a, plus que probablement, sept milliards de signification.

 

Je t’aime par Barbara Abel, Belfond

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