Magnificence des oiseaux (La)

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Ce livre est une merveilleuse escroquerie qui mérite bien le terme de magnificence employé dans le titre français (le titre original est seulement « Bridge of birds » , « Un pont d’oiseaux »). Car, si dans la quasi-totalité du livre, on peut croire n’avoir à faire qu’à une fantaisie comique, l’enquête dans une Chine de pacotille de deux associés improbables, le sage Li Kao, un érudit qui fut le plus grand sage de Chine, mais « affecté d’un défaut de personnalité » comme il rappelle à chaque fois qu’il se présente, et le jeune paysan Lou You, ou Bœuf numéro Dix, qui malgré sa force herculéenne semble assez intellectuel et raconte l’histoire avec un certain détachement.

L’histoire ? Dans le village de Bœuf numéro Dix, les enfants entre cinq et treize ans ont été victimes d’une curieuse épidémie limitée qui s’avèrera, - grâce au sage, un vieil ivrogne qui était le seul lettré qui acceptait un salaire dérisoire de 5000 pièces de cuivre, que Bœuf est allé quérir à Pékin –, due à l’empoisonnement des feuilles de muriers et des vers à soie par les usuriers du village. Et le seul remède à cet empoisonnement serait le cœur d’une Grande Racine de ginseng que Bœuf et Li vont chercher à reprendre à deux « super-méchants » de leur pays, la Grande Ancêtre et le Duc de Chin. Super-méchants que nos deux comparses vont affronter dans des aventures proprement rocambolesques (avec magie en plus), pour découvrir que même les Dieux sont mêlés à cette histoire. On rit, on se croit dans une version chinoise des aventures du Souricier Gris et de Fafhrd ou chez Pratchett... Et on n’attend pas le final, qui justifie le titre du livre, une apothéose féérique qui tire au lecteur des larmes de bonheur.

Est-il besoin de rappeler que ce sont des livres de cette qualité qui valorisent la branche féérique de la littérature ? Et qui rendent encore plus difficile la lecture de tous les romans stéréotypés et laborieux qu’on nous déverse sur les étalages sous l’étiquette « fantasy » ?

La magnificence des oiseaux par Barry Hughart, traduit par Patrick Marcel, Folio SF n° 464, 2013, 402p., couverture de Bruno Wagner, ISBN 978-2-07-045095-4

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