Punk's not Dead

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Illustrateur / Dessinateur: 

À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ?

Qu’adviendrait-il si le QI des Français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, 1789 version 2.0 ?

Est-il sage pour un mortel de tomber amoureux d’un succube ?

Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?

Comment se protéger des cadences infernales, de la fatigue et du stress au travail, lorsque l’on a le malheur de s’appeler « La Mort », et d’exercer un métier pour laquelle il n’est pas de congés ?

Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux. Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…De toute évidence,
Punk’s not dead a été écrit pour vous.


Voilà LE recueil de nouvelles que j’attendais avec impatience ! Je tiens d’ailleurs à remercier l’auteur de me l’avoir fait parvenir en service presse avec une jolie dédicace en prime.

Je devrais plutôt dire, pour reprendre le terme utilisé par l’auteur, le cercueil de nouvelles ! Oui, Anthelme Hauchecorne a un sens de l’humour particulier qui transpire de chacune de ses nouvelles pour notre plus grand plaisir.

Attardons-nous d’abord sur le livre en tant qu’objet. Il n’y a pas d’autre terme que « œuvre d’art » ! L’auteur et Midgard ont mis le paquet, je peux vous l’assurer ! Nous avons droit à un recueil architecturé comme un album musical dont l’idéologie punk est le fil conducteur. Mais vous l’aurez compris à la lecture du titre. Les sublimes illustrations intérieures de Loïc Canavaggia donnent littéralement vie aux textes ! Mention spéciale à l’illustration de couverture, toujours du même artiste, qui est tout simplement ma-gni-fi-que ! Vous devrez cependant attendre la dernière nouvelle pour en saisir la référence !

Le recueil s’ouvre sur des citations des emblématiques Patti Smith ou encore Joe Strummer du groupe The Clash. Le ton est donné. L’auteur prend ensuite la parole et nous présente brièvement son nouvel opus.

Vient ensuite la première nouvelle « Décembre aux cendres » qui nous fait plonger tête première dans une Budapest post-apocalyptique rebaptisée Brûle-Peste pour l’occasion. Nous y suivrons Eva, une jeune fille qui décide de devenir scropailleuse pour venir financièrement en aide à sa mère malade. Les scropailleurs sont chargés d’explorer les ruines fumantes de l’ancienne Budapest afin d’en extirper les trésors cachés pour le compte d’une société inhumaine : la Compagnie des Scories. Une fable acide reflétant parfaitement les travers de notre système. Un chef-d’œuvre de fantastique satirique superbement écrit. La plume de l’auteur cisèle les mots tel un orfèvre !

Vient ensuite « Sarabande mécanique », hommage steampunk à Stanley Kubrick sur fond de lutte des classes sociales et conflits entre les générations. Servie par un humour décapant, cette nouvelle est un petit bijou !

« No future » met en scène le zombiesque Johnny Rotten qui nous livre son testament, ultime témoignage de la révolte de Mère Nature face à la folie des humains. Fantastique et si proche de la réalité que cela donne froid dans le dos !

« C.F.D.T. » nous met présente un exorciste alcoolique, un viking recherchant des jeunes disparus lors d’une chasse au drago, le tout dans un manoir hanté. L’auteur fait se télescoper deux univers différents dans un délire qui lui est propre.
Dans « Sale petite peste », Hauchecorne nous fait étalage de son talent de conteur et nous gratifie de l’une des histoires les plus intéressantes de son recueil. Avec la Mort sous un jour pas forcément coutumier, il nous livre en plus un nouveau personnage auquel on ne s’attendait absolument pas !

« Les gentlemen à manivelle » est une histoire sur des automates, des robots, en particulier Eugénie qui assiste le maitre des lieux qui a tendance à perdre la boule. Un petit texte bourré d’humour !

Vient ensuite « La guerre des Gaules »… La nouvelle qui fait le plus peur dans le sens où elle nous montre ce que notre société pourrait devenir si nous n’évoluons pas. Elle nous place face aux dérives électorales sur fond de racisme, d’inégalités sociales débouchant sur la guerre civile. Et nous ne pouvons nous empêcher de penser que le cauchemar est à notre porte. L’auteur parvient à garder un ton humoristique en dépit de la gravité des sujets évoqués, change de style d’expression en fonction des interlocuteurs issus de diverses couches sociales… Une franche réussite qui nous pousse à réfléchir sur notre avenir ! Sans conteste le texte le plus engagé du recueil.

La nouvelle qui suit, « Vodoo doll » emprunte plus au polar qu’au fantastique et l’auteur s’en sort une fois de plus avec brio.
« De profondis » est une version remaniée d’une nouvelle parue en son temps dans Phenix Mag. Elle met en scène les dragons vivant dans les profondeurs de nos océans. Confrontés à leur extinction, nous rencontrons des mystères insondables. Fantastique et captivant !

« La balade d’Abrahel » est la version remaniée made in Anthelme Hauchecorne d’un conte lorrain dans lequel l’auteur fait étalage de toute son ingéniosité.

« Buto atomique » place l’homme face à ses responsabilités en termes de nucléaire et nous laisse également pensifs. Un texte touchant et interpellant.

« Pour la grâce du funambule », l’intrigue se situe à Roubaix. Elle rend hommage au passé tout en nous faisant toucher du bout du doigt la noirceur du monde. Une quête d’idéal dans notre société gangrenée, une soif d’absolu quel que soit le prix à payer… Un texte également très émouvant, se jouant des différences. Pas de fantastique pour cette nouvelle mais une atmosphère qui ne peut nous laisser insensibles !

Le recueil se clôture sur « Le roi d’automne », un texte dans un monde directement relié à l’univers que vous pouvez découvrir dans « Ames de verre », ce m’a donné fortement envie de me plonger dans ce roman que, honte à moi, je n’ai pas encore lu.

Chaque nouvelle est en plus complétée par un petit « backstage » sur les coulisses de l’auteur. Il nous parle de chaque nouvelle, de sa conception, de son parcours…

Pour conclure, je dirai que ce « Punk’s not dead » est LE recueil à acheter cette année ! Magnifique visuellement, captivant dans tous les sens du terme, diversifié, intelligent, poussant à la réflexion, c’est une véritable pépite qui ne pourra que vous enthousiasmer et vous transporter dans l’univers extraordinaire d’Anthelme Hauchecorne ! Au vu de son génie littéraire, de la foison délirante de ses univers, de sa facilité déconcertante à manier les genres avec le même bonheur, je n’hésite pas à dire que la littérature francophone tient son nouveau Serge Brussolo !

Punk’s not dead par Anthelme Hauchecorne, illustrations de Loïc Canavaggia, 461 p., Midgard, 16.50€, ISBN : 978-2-36599-046-2

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