Sorcière blanche, coeur noir, Rachel Morgan T3

Rachel Morgan, jeune et bouillonnante émule de Buffy, est de retour pour de nouvelles péripéties avec ce troisième tome mené tambour battant. Si le premier opus de la série nous laissait un peu sur notre faim, le second s’est escrimé avec succès à nous attacher à la petite galerie de personnages hauts en couleur gravitant autour de la déjà célèbre chasseuse de primes de Sincinnati. Quant à cette troisième livraison, elle nous plonge encore plus profondément dans un univers pas si éloigné que ça de celui de « True Blood » - avec ses vampires, magiciens et autres loups-garous en liberté.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la vie d’une chasseuse de primes n’est pas de tout repos. Surtout quand elle est marquée par un puissant démon qui n’a qu’une envie, l’emporter avec lui dans l’au-delà afin de la transformer en servante obéissante ; quand elle vit dans une église désaffectée avec une vampire vivante, toujours susceptible de perdre le contrôle d’elle-même et de la vider de son sang ; quand elle s’est mis à dos le baron de la drogue local, un elfe machiavélique qui ne la porte pas dans son cœur depuis qu’elle a tenté de l’envoyer derrière les barreaux ; quand elle tombe amoureuse d’un vampire à tomber par terre, au passé pas si « clean » que ça, officiant pour le compte d’un être maléfique assoiffé de sang ; quand elle se brouille avec son associé pixie car elle n‘a pas su se montrer suffisamment ouverte avec lui… et autres joyeusetés du même genre !

Dans ces conditions, poursuivre son travail de manière efficace n’est pas exactement aisé. Il faut pourtant bien gagner sa vie. Et puis Rachel est plus coriace que ce qu’on pourrait penser de prime abord. Pleine de ressources.

Elle va d’ailleurs devoir puiser durablement dans ces ressources de façon à se sortir de cette nouvelle aventure en un seul morceau. Les cadavres vont s’entasser, les créatures surnaturelles s’en donner à cœur joie, les sorts s’entrechoquer, les machinations s’entremêler pour nous donner un fort sympathique feu d’artifices que l’on prend plaisir à dévorer de bout en bout.

Alors d’où provient l’intérêt de cette série ? Certainement pas de son originalité - rien de bien neuf de ce côté-là. Non, ce qui explique le caractère extrêmement prenant des livres de Kim Harrison, c’est leur capacité à nous entraîner à la suite de son héroïne dans un monde certes fictif, mais qui sonne vraisemblable. Les récits, contés à la première personne du point de vue de Rachel, nous impliquent habilement dans son flot de pensées, dans ses préoccupations les plus intimes - qu’elles soient triviales ou de la première importance. Et l’on se surprend à adopter son point de vue , à souffrir quand elle a mal, à se réjouir quand elle est heureuse. C’est là certainement la plus grande réussite de cette série : le fait de nous offrir une brochette de personnages qui deviennent peu à peu nos amis, des êtres dont on souhaite prendre des nouvelles de façon régulière.

Parvenir à ce résultat n’est pas donné au premier venu. Kim Harrison sait indéniablement conter des histoires.

Kim Harrison, Rachel Morgan T3 : Sorcière blanche, coeur noir, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Arnaud Demaegd, illustration de Claire ARNAUD & Anne-Claire PAYET, 600 p., Bragelonne