Folie(s)

Les Fous ont la parole!

Folie joyeuse, tragique, douce ou furieuse, folie visionnaire, délirante, compulsive, criminelle ou simplement géniale... Mais aussi : folie qui ouvre sur un autre monde, qui efface les limites de la réalité. Entre engloutissement et hypothétique guérison. Dans cette troisième anthologie des Artistes Fous Associés, 18 écrivains de tous horizons vous initieront aux arcanes de nos déraisons les plus secrètes.

Pour ne plus jamais dire : « Je suis sain d'esprit ».

La folie ! Voilà bien un thème qui permet une multitude de variantes. Les auteurs de l'anthologie l'ont bien compris mais le résultat final est déséquilibré comme bien souvent avec les ouvrages collectifs. Certains textes sortent clairement du lot tel le génialissime « Marie-Calice, missionnaire de l'extrême » de Nelly Chadour. Prêcher la bonne parole dans un festival de métal... il fallait y penser. C'est mon coup de cœur dans ce recueil.

Mention spéciale aussi à l'excellente Morgane Caussarieu qui avec « La maman de Martin » nous met en scène l'amour fusionnel entre une mère et son fils pour finir par un parallélisme glauque entre le meurtre et le plaisir sexuel. Comme d'habitude avec Morgane, un texte choc très bien écrit.

« Sanguines » d’Adam Roy sort également du lot avec cette histoire d’une femme qui tombe enceinte dans un monde où presque tous les hommes ont disparu. Original !

Julie conseil nous livre ici « Le maître des bélougas », un texte court narrant l'histoire d'un jeune homme voulant regagner son univers parallèle dans un hôpital psychiatrique. Un texte percutant pour une auteure à suivre.

Southeast Jones nous invite à la campagne avec « Jour gras », un texte très bien ficelé et barré.

« La convenance de la bête » de Leith nous montre un homme coincé dans les toilettes le jour de la fin du monde. Très drôle avec une fin particulièrement réussie.

« C15 » de Herr Mad Doctor est violent et halluciné, un texte coup de poing comme je les aime.

Au niveau des textes ne m'ayant pas convaincu malgré une excellente idée de départ, je citerai le SF « Europe » de Pénélope Labruyère. La faute à une longueur excessive qui fait que ce texte perd considérablement en efficacité. Même constat pour « Les soupirs du voyeur » de Corvis qui, tout au long des 88 pages nous étale les pulsions sexuelles oniriques d'un homme impuissant. La longueur provoque l'ennui et la fin apparait trop rapide. Dommage.

Il y a encore d'autres très bons textes tel ce « La nuit où le sommeil s'en est allé » de Cyril Amourette ou encore « Le même sang coule dans mes veines » de NokomisM.

Au final, nous avons là une anthologie qui devrait plaire aux amateurs de textes non-conventionnels, ce qui est la marque de fabrique de cette jeune maison prometteuse.

Folie(s), Les artistes fous associés, 368 pages, 15€,  978-2-36826-008-1