Expiration

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Il s’agit d’un recueil de nouvelles, plus ou moins longues, dont certaines ont obtenu des prix. Elles sont assez variées, mais ont en commun de creuser des possibilités, voire des impossibilités, puisqu’elles se passent parfois dans des univers imaginaires, comme cette planète où les découvertes archéologiques confirmeraient l’idée d’un monde récent et de premiers hommes, mais où le mythe religieux sera quand même battu en brèche par une découverte astronomique...

 

De fait, Chiang ne cherche pas à décrire le réel, mais à créer des fictions qui exploitent jusqu’au bout une idée, sans creuser si cette idée est applicable à notre réalité. Le narrateur de la nouvelle qui a donné son titre au recueil est probablement une machine dont le fonctionnement n’est pas celui des machines de notre monde, et il vit dans un autre monde, aux lois physiques et géographiques particulières... mais le récit reste cohérent, acceptable une fois accepté le fait de creuser cet univers.

 

Il n’y a qu’un texte qui m’a vraiment fait réagir parce que, comme certaines nouvelles lues chez Silverberg et certains textes de Stanley Robinson, il a prétention à démontrer une idée à partir d’une « expérience » fictive, autrement dit d’exiger du lecteur qu’il accepte que si l’expérience proposée était possible et réalisée, elle donnerait le résultat proposé. Ajoutons que, dans cette nouvelle comme dans certaines autres que j’ai lues, il y a une interprétation à mon avis incorrecte de ce que signifierait le résultat, ici une confusion entre causalité (il ne peut, d’après l’expérience proposée, y avoir d’effet sans la cause appropriée) et libre arbitre qui ne serait pas remise en cause même si l’expérience donnait le résultat proposé...

Ceci étant, la postface du livre nous dit que le sujet que voulait traiter Chiang est autre, mais malheureusement le traitement ne m’a pas convaincu, à cause de ce ton somme toute péremptoire du texte.

 

Pour moi, la plus belle nouvelle est la première, un conte à la manière des Mille et une nuits tout à fait agréable, sur l’impossibilité de changer le passé et les conséquences possibles des voyages dans le temps... Sauf que, le héros étant revenu dans le passé, où il n’a pas de place puisqu’il y est déjà, imaginer ce qui se passe après sa confession au calife pose une kyrielle de questions...

 

En fait chaque nouvelle de ce recueil est dérangeante, parce qu’elle pose des questions et ne donne que de fausses solutions, en obligeant le lecteur à réaliser la fausseté de la solution apparente... Chiang serait-il sadique ?

 

Expiration, de Ted Chiang, traduit par Théophile Sersiron, Folio SF n°702, 2022, 479 p., couverture d’Aurélien Police, F9, ISBN 978-2-072-97190-7

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