Maître de la matière

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Je n’ai pu m’empêcher de penser à mon saint patron Don Alonzo Quijana, Seigneur de la Mancha, en lisant ce livre. D’une certaine façon, le héros est une réincarnation de Don Quichotte. Un jeune Japonais de père américain, Hiroshi, doué en technique, et que son père finira par emmener faire ses études aux États-Unis, consacre sa vie à une chimère, une conviction qu’il a acquise un jour qu’il n’y a qu’à développer suffisamment la robotique pour faire disparaître la misère (il n’a sans aucun doute pas lu Tout et n’importe quoi, le roman de Damon Knight, sur les conséquences d’une corne d’abondance). Il a rencontré, quand il avait dix ans, la fille d’un ambassadeur français, Charlotte. Celle-ci, passionnée par la paléontologie et convaincue que l’histoire de l’Humanité remonte beaucoup plus loin que l’on ne le soupçonne, va lui faire, des années plus tard, découvrir la solution d’une impasse dans ses recherches sur les nanotechnologies. Et le lancer dans la réalisation de sa Quête. Mais son rêve est bien plus difficile à accomplir qu’il ne le croit. Ne va-t-il pas, comme Icare, se brûler les ailes ?

Comme souvent ce roman mélange un certain nombre de réalités scientifiques ou sociales assez finement observées avec la nécessité de conjectures sans base réelle, que ce soit celle sur l’histoire passée de l’humanité qui fournira la solution au problème technique, ou même l’existence de cette solution. En cela le livre mérite totalement le qualificatif de fiction scientifique, et le soin apporté par Eschbach dans les exposés qui portent sur des réalités ou des recherches en cours permet même de parler de hard science.

À côté de ce spécimen soigné de fiction scientifique, nous avons un merveilleux roman d’amour impossible entre Hiroshi et Charlotte. Et la mécanique bien huilée d’une tragédie sans dieu, mais toujours aussi émouvante.

Des romans de cette qualité, on en redemande...

Maître de la matière, par Andreas Eschbach, traduit par Pascale Hervieux, L’Atalante 2013, 638p., couverture de Leraf, 25€, ISBN 978-2-84172647-9

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