Jardins de la lune (Les)

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Illustrateur / Dessinateur: 


Vous aimez la fantasy, l’imaginaire, les mythologies, les livres qui vous laissent pantelant dans la nuit avec l’impossibilité de vous endormir, qui vous empêche de travailler tranquillement…

Vous avez envie de vous plonger dans un monde inconnu, de le défricher, de le déchiffrer, de l’investir de vos images, de vous laissez envahir par ses images, ce livre est là, né de la plume de Steven Erikson en partage de création avec Ian Cameron Esslemont. Ce qui explique la dédicace « des mondes à conquérir, des mondes à partager ».

Lecture heureusement accomplie, je dirais attention, chef-d’œuvre en puissance.

Livre culte peut être.

Peut être parce qu’il faut que le lecteur s’investisse, fasse un effort pour pénétrer cet univers foisonnant d’histoires, débordant de personnages tous plus intéressants les uns que les autres.

Mais ce n’est pas facile de lire « Le Seigneur des Anneaux » de Tolkien, ce n’est pas facile à lire « Dune » de Frank Herbert, de lire « La Forêt des Mythagos » de Robert Holdstock. En général, les livres qui vous marquent durablement l’imaginaire tout en laissant des traces dans votre vie réelle ne sont jamais faciles à lire. C’est une aventure, une traversée, une initiation, une chevauchée. Là, c’est un parcours des labyrinthes….

Donc, à condition de s’impliquer dans la lecture, après une cinquantaine de pages, tout comme avec « Le Seigneur des Anneaux » vous serez pris au piège. En addiction.

Ce n’est pas si souvent qu’un livre fait cet effet là. En général, on lit pour le plaisir de passer un bon moment ailleurs, en un autre espace temps, voire de s’informer, d’apprendre.

Là, vous entrez de plein pied dans un autre monde, dès la première page. Vous êtes ailleurs. A vous de vous débrouiller pour trouver vos repères. Le glossaire et la liste des personnages vous aideront.

Ce livre est comparé (sur la quatrième de couverture) et dans quelques critiques à « La Compagnie noire » de Glen Cook ou aux « Chroniques de Thomas l’incrédule » de Stephen R. Donaldson. Je crois, pour les avoir lus, qu’il y a là, quelque chose de plus qui aide à franchir les difficultés de lecture.

Ce livre fait le même effet que certains poèmes. Vous ne l’oublierez pas.
Dans les jardins de la lune, les héros n’en sont pas vraiment et ils sont nombreux avec tous des regards différents, des objectifs différents. Chacun d’eux constitue un puzzle et apporte quelques pièces de son propre puzzle à l’histoire générale. Chaque personnage a son histoire. On la prend en marche et elle se dévoile peu à peu. Au fur et à mesure, l’histoire se construit. Comme dans la vie. Nous ne voyons qu’une facette des gens que nous rencontrons. Le hasard fait que d’autres rencontres nous donnent d’autres informations. Je ne sais comment l’auteur a fait, mais il restitue cela sans se perdre. Sans ralentir l’action.

Au fait, l’histoire. Comment résumer une épopée ?

Steven Erikson a suivi des études d’archéologie et d’anthropologie. Il s’en est heureusement inspiré. Et avec les poèmes ajoutés, les légendes, les citations, les calendriers, les systèmes religieux, les différents peuples qui composent l’univers ainsi créé, on a vraiment l’impression que ce monde existe quelque part dans nos rêves.

Sur le continent de Genabackis, l’empire malazéen veut imposer son emprise. Les villes libres ont succombé sous les attaques mais la résistance s’organise. D’autant plus que les forces impériales sont en proie à des luttes intestines pour le pouvoir. Quelques personnages vont, par hasard, entraver le bon déroulement des ambitions impériales.
Mais nous sommes partis pour 10 livres d’histoires épiques. Comme une saga, une odyssée… Comme un manuscrit ancien qu’on redécouvrirait… Une grande quête.

Voilà le premier récit du livre malazéen des glorieux défunts.

On peut aussi comparer sa lecture à un tirage du tarot. Ou plutôt à des lectures différentes d’un tirage du tarot. D’ailleurs le tarot est clairement évoqué sous le nom du jeu de dragons…

Le tarot et ses images de pouvoirs, l’alchimie à travers les différents éléments, les labyrinthes, les dieux protecteurs de ceux-ci, les mages et les sorciers en lutte, tout cela est ébouriffant. On se croirait dans un tableau de Hieronymus Bosh

Et puis il y a des personnages drolatiques, émouvants… De quoi avoir envie de relire le livre en fluidité maintenant qu’on est familiarisé avec les règles de son univers.

Ce que j’ai particulièrement apprécié à travers cette lecture, ce sont toutes les images qui sont nées des mots. Alors, un conseil, ne vous laissez pas effrayer par la complexité de l’univers de Genabackis. Partez en exploration….

Dire que j’attends la suite est au dessous de la vérité. Je voudrais bien l’avoir déjà en main. Elle devrait se composer de 10 volumes.

Aboutissement de l’épopée prévu vers 2010. Espérons que l’éditeur Calmann Lévy va respecter son engagement et que les traductions vont suivre. Sinon c’est extrêmement frustrant pour le lecteur français. Pressentir un chef-d’oeuvre et ne pas pouvoir le savourer pleinement. Mais il paraît que chaque livre pourrait se lire en toute indépendance des autres.
Pour en savoir un peu plus, vous pouvez visiter le site personnel de l’auteur : http://www.tor.com/erikson/meet.html

L’univers malazéen a été créé en complicité avec Ian Cameron Esslemont. Steve Erikson et Ian Cameron , tous les deux Canadiens, se sont partagés les différents romans. Steve Erikson (né en 1959) est le plus assidu. On rêve d’une encyclopédie, d’un livre qui rassemblerait les apports de l’un et de l’autre pour nous dévoiler les secrets de l’empire malazéen. On rêve aussi d’illustrations qui ponctueraient la lecture.

Mais je vous invite à découvrir cet univers foisonnant.

Première porte pour entrer dans ce monde exceptionnel : Les jardins de la lune.

Le Livre Malazéen des Glorieux Défunts, Tome 1 : Les jardins de la lune
de Steven Erikson, traduit par Marie-Christine Gamberini, Illustration : Alain Brion, 592 p., Calman-Lévy.

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